Les techniques policières pour arrêter les sans-papiers ont changé pour se rendre moins visibles. Connaître ces techniques et les repérer permet de s’y opposer.

Lors des rafles, le but des flics est d’arrêter le plus de personnes possible tout en étant le plus discret possible. Ceci leur permet de surprendre ceux qu’ils veulent contrôler et d’éviter les réactions des passants. Les policiers en civil contrôlent au faciès un grand nombre de gens, dans un périmètre et dans un temps déterminé. Dans la rue, ces dispositifs peuvent être repérés entre autre grâce à une camionnette. Elle est généralement blanche, longue, avec un système d’aération sur le toît et stationnée pas loin. Les vérifications d’identité ont souvent lieu à l’intérieur. Mais parfois les flics font des allers-retours en voitures banalisées pour emmener les personnes arrêtées au commissariat. Dans le métro, les rafles ont généralement lieu aux heures de pointe (surtout tôt le matin), dans les couloirs de correspondances (exemple : Stalingrad, Barbès, La Chapelle…). Les flics et les contrôleurs peuvent agir ensemble.
Les rafles durent un certain temps, ce qui permet de s’y opposer. Le numéro d’urgence sert à informer, grâce à une chaîne téléphonique, un maximum de gens du quartier pour qu’ils puissent venir.
NUMERO D’URGENCE : 06 45 37 16 30

Que faire en cas de rafle ? D’arrestation ?
Même si l’on n’est pas nombreux, il est toujours possible de se placer avant les flics, de prévenir discrètement les passants et faire rebrousser chemin aux gens menacés. Dès que l’on est suffisamment nombreux, faire du bruit afin de rendre visible la rafle. Il est déjà arrivé que la population du quartier chasse la police en train de rafler. Il est possible de demander aux flics l’ordre de réquisition, c’est-à- dire l’autorisation du contrôle massif, son périmètre et sa durée. Essayer de savoir où sont emmenées les personnes arrêtées.
Beaucoup d’arrestations de sans-papiers se font de manière plus diffuse. Les flics arrêtent rapidement deux ou trois personnes dans des lieux ciblés : dans les gares, devant les foyers, les écoles, certaines banques (banque du Mali, agences Western Union…). Il est beaucoup plus difficile de s’opposer à ce type d’arrestation, qui sont pourtant les plus fréquentes. Après l’arrestation, le meilleur moyen d’éviter l’expulsion est de montrer que la personne n’est pas isolée. Dans un premier temps, il s’agira d’harceler le commissariat, de se rassembler devant… (Pour des conseils pratiques et juridiques, voir la brochure : Sans-papiers : s’organiser contre l’expulsion, disponible sur internet : www.sanspapiers.internetdown.org.)

Pour empêcher les arrestations, éviter des expulsions, il est nécessaire de créer un rapport de force face à la police et à la justice.
S’organiser dans les écoles, les foyers, les collectifs, les quartiers, permet de ne pas rester isolé et de se défendre collectivement. Les luttes dans les écoles, notamment par le biais de RESF, ont permis plusieurs fois de libérer des sans-papiers. Les collectifs de sans-papiers parviennent, par leur mobilisation, à obtenir des libérations. L’organisation autour des personnes sans-titre de séjour du foyer de la rue terre aux curés dans le 13ème a pu en faire la preuve : il a y eu une forte mobilisation notamment lors des passages aux tribunaux et aux aéroports, et des recours systématiques ont été faits. Sur 115 personnes arrêtées seules 4 ont été expulsées.

Contre les rafles et les contrôles quotidiens, des gens commencent à s’organiser pour créer des liens de solidarité dans les quartiers du nord-est parisien.
Les arrestations massives et l’objectif de 25 000 expulsions ont leurs raisons.

L’économie ne peut pas se passer d’une main d’oeuvre privée de ses moyens de défense. Dans beaucoup de secteurs, l’emploi de sans-papiers, payés au lance-pierre ou pas payés du tout, est nécessaire pour rester concurrentiel (dans le bâtiment, la restauration, l’hôtellerie, la livraison, le nettoyage …). C’est dans ce cadre que se déroulent ces campagnes d’arrestations : arrêter en masse, expulser un certain nombre, apprendre la peur à tous. L’Etat entretient la division entre les exploités, brise les solidarités et permet d’abaisser le prix du travail pour les patrons qui payent tout le monde entre rien du tout et le SMIC.

S’opposer aux rafles, c’est desserrer ici et maintenant le contrôle sur tous…

Les dispositifs d’arrestations de sans-papiers participent à l’occupation policière des quartiers : présence permanente de la police, contrôles au faciès incessants, harcèlement et racket des vendeurs à la sauvette, des travailleurs, des prostituées etc.

…c’est aussi s’opposer à l’expulsion des pauvres et empêcher nos conditions d’habitat de se dégrader toujours et encore…

Le choix de ces quartiers pour ces arrestations n’est pas anodin : entre Barbès et Stalingrad, la police sait qu’elle va attraper des sans-papiers. Ceci participe à la chasse aux pauvres. Les autorités – de la préfecture à la municipalité – y trouvent leur compte. Avec l’installation d’HLM plus chers, de commerces, de jeunes créateurs, elles nettoient le quartier et installent la « mixité sociale » : ce mythe qu’en installant des classes supérieures, elles vont cohabiter harmonieusement et ne pas prendre toute la place. La multiplication des lieux culturels pour cadres (104 rue d’Aubervilliers, Rotonde Ledoux, Halle Pajol…) et des espaces civilisés, où la circulation des flics et la vidéosurveillance sont optimisées (boulevard Barbès, avenue Jean Jaurès) va de paire avec les rafles, les expulsions de squats et d’immeubles locatifs, la hausse des loyers.

Dans cette guerre territoriale, face à ce même mouvement qui veut nous renvoyer à Bamako, nous envoyer en prison ou en zone 5 du RER, s’opposer aux rafles c’est reprendre du terrain et l’initiative.

Face aux attaques de l’Etat, organisons l’autodéfense sociale !

Ballade anti-rafles le Samedi 6 Décembre.
Rendez vous au square Léon (proche du metro Barbés, ligne 2) pour un départ à 15h.