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« La différence entre le droit international en temps de paix ou en temps de guerre ne compte pas face aux nouvelles menaces »
Schäuble, Ministre de l’Intérieur allemand

Tandis que l’on se mobilise nationalement contre Edvige, l’utilisation de mesure « anti-terroristes » pour criminaliser tout ce qui résiste, ou les centres de rétention, les ministres de l’intérieur européens ainsi que des institutions internationales policières et militaires (Frontex, Europol, OTAN…) se coordonnent pour mettre en place à une échelle beaucoup plus large un contrôle accru des populations et des migrant-e-s. Ils entendent nous imposer en 2009 un ensemble de mesures sur 5 ans visant à pouvoir réprimer plus efficacement toutes formes de contestations, de transgressions et de mouvements qui menaceraient le capitalisme en crise et les Etats assurant sa protection. Ces ministres se réuniront de nouveau à Stockholm lors de la présidence suédoise à l’automne 2009 pour valider officiellement ce « plan de sécurité ». Sous couvert d’ « intégration », le sommet de Vichy constituait une étape pour l’harmonisation en cours des mesures de protection des frontières, de sélection et de déportation des migrant-e-s.

Après Vichy et dans les mois à venir, nous appelons à construire une réponse à la mesure des politiques européennes et à attaquer leur projet d’ « architecture de sécurité globale» à une échelle internationale. Vous trouverez ici une esquisse de leur plan d’ensemble et des éléments pour se préparer au volet « militaire » en avril prochain à Strasbourg, à l’occasion du 60e anniversaire du sommet de l’OTAN.

Quelques uns des objectifs communs pour 2009 décrits dans le document stratégique interministériel intitulé « Liberté, sécurité, confidentialité – les affaires intérieures de l’europe dans un monde ouvert » :

– une surveillance plus grande de l’Internet avec des lois punissant la rétention d’information et un programme international « Check the web ».

– une accès commun aux bases de données des différentes polices européennes,

– un réorientation vers l’« analyse des risques », dans le but de prévoir la dissidence, le crime et les conflits sociaux à grands renforts d’outils de surveillance high-tech : drônes et vidéosurveillance, satellites, fichage génétique et biométrique, développement de logiciels informatiques de recoupement des données ou d’anticipation de situations de manifestations…

– une coopération policière et transfrontalière accrue pour combattre l’« immigration illégale » et obliger les pays externes à l’UE à rapatrier leurs citoyens entrés sur le territoire européen sans visa, ainsi que l’extension du Système d’Information Schengen (SIS) avec la collecte des données biométriques et des empreintes digitales d’immigrant-e-s dans le Système d’Information Visa (VIS).

– la généralisation des passeports avec données biométriques et puces RFID pour les citoyen-ne-s de l’UE.

– l’accroissement des prérogatives et de l’action de l’agence de police Europol et de l’agence « Frontex » qui entraîne les polices aux frontières.

– le renforcement du programme international de recherche EU-SEC sur la sécurité pendant les évènements importants en Europe, ainsi que du groupe d’« Officiers de liaison » de différents pays supervisant les opérations policières lors des rassemblements politiques (ou footballistiques) internationaux et échangeant des informations sur les agitateurs potentiels.

– la construction de la Force de Gendarmerie Européenne (EGF) censée prendre le contrôle de la police pour assurer l’ordre public et répondre aux insurrections populaires après des déploiements militaires dans les pays tiers à l’UE.

L’OTAN au secours de la « Sécurité de la Patrie »…

Les décideurs de l’UE voient aussi « une interdépendance croissante entre la sécurité intérieure et extérieure » et plaident pour plus d’interventions extérieures. C’est notamment dans cette vision que s’inscrit le rôle futur de l’OTAN. Son prochain sommet se tiendra les 3 et 4 avril 2008 à Strasbourg, et célèbrera le 60e anniversaire de cette alliance guerrière. Les Etat membres vont y décider des nouvelles directions stratégiques. Des changements majeurs sont planifiés notamment dans le sens de réorienter les prérogatives des armées sur des questions de « politique interne».

Dans un document stratégique publié en avril 2007, cinq anciens généraux de l’OTAN mettent l’accent sur la nécessité d’une « approche pro-active » dans laquelle l’« anticipation » et la « prévision » des conflits sera centrale. Pour ces stratèges, un ensemble de menaces nouvelles se déploient dans le monde incertain d’aujourd’hui, depuis le terrorisme et la criminalité internationale, en passant par les soulèvements qui vont accompagner les crises alimentaires et économiques, les conflits sociaux, jusqu’à l’extension de l’immigration en direction des pays de l’OTAN. Toutes ces données sont présentées comme des risques majeurs pour la sécurité des Etats et comme relevant des attributions de l’OTAN.

Le document associe une défense adéquate au concept de « sécurité de la patrie », qui impliquerait une « approche interconnectée» de l’armée, la police, la politique, la recherche, les universités et la société civile, et un processus de décloisonnement entre logiques d’interventions intérieures et extérieures afin de construire une « architecture de sécurité globale ».

En ce qui concerne la « menace intérieure », on note qu’en Allemagne comme en France de gros moyens sont mis en oeuvre pour requalifier de « terroriste » la contestation sociale et les actions qui traduisent un refus de se plier à des lois de terreur. Nous faisons face à une série de campagnes de presse, perquisitions, inculpations, mesures d’exception et incarcérations. Elles visent, là les organisateurs de l’anti G8 et les anti-militaristes, ici les soutiens aux sans-papiers que l’on cherche à museler ou des militants accusés sur la base de quelques fumigènes ou sur la présomption d’avoir participé à des sabotages strictement matériels, d’appartenir à de fantômatiques organisations clandestines « anarcho-autonomes » en route pour la lutte armée.

Ce que cette « architecture de sécurité » cherche à prévenir et à briser, c’est la réalité des manifestations offensives de lycéen-ne-s, d’étudiant-e-s, de travailleur-euse-s et banlieusard-e-s, la ré-émergence d’un mouvement anticapitaliste international, les luttes des sans-papiers, la multiplication d’actes de refus du fichage et de la surveillance, des rafles et des déportations par tout-e-s celles et ceux qui refusent de rester des «citoyen-ne-s» soumis-es…

C’est sur la multiplication de ces actes et sur la constitution d’un front commun de solidarité qu’il faut compter pour y faire face. Si cette résistance prend forme au fil des luttes locales et quotidennes, elle devrait aussi viser à multiplier les offensives coordonnées de ville à ville et de pays à pays, ou à assurer une présence trouble-fête et déterminée lors des évènements, tels que le sommet de l’OTAN, où des politiques adverses se mettent en place à une échelle globale.

Du 1er au 4 avril 2009, des actions contre
l’OTAN et l’« architecture globale de sécurité »

Depuis quelques mois des réseaux et collectifs anticapitalistes et anti-militaristes français et allemands se coordonnent pour mettre en place des camps d’actions sur Kehl et Strasbourg et une série de manifestations lors du 60e anniversaire de l’OTAN. Ce contre-sommet sera une occasion d’agir ensemble, à Strasbourg ou partout ailleurs, contre l’« architecture globale de sécurité ».

Une journée internationale d’actions est notamment appelée le 1er avril. Elle vise entre autres à cibler les diverses structures et institutions locales ou éloignées oeuvrant au Système d’Information Schengen, au Système d’Information Visa, à Frontex, aux centres de rétention (celui de Strasbourg est situé en zone militaire) et à la gestion des frontières, au développement de l’interconnexion des forces armées et policières européennes, à la recherche et la mise sur le marché du contrôle biométrique, vidéo, bio et nano-technologique…

Plus d’infos pour rejoindre ces initiatives sur les sites des collectifs Dissent! et Gipfelsoli : http://www.dissent.fr et http://gipfelsoli.org