Depuis deux ans, plusieurs unions locales CGT avaient organisé des grèves avec des travailleurs sans papiers. Ceux ci demandaient leur régularisation. Suite à ces mobilisations victorieuses des centaines travailleurs, souvent issus d’Afrique Noire, avaient contacté la CGT. En 2007, le gouvernement français publie une circulaire qui oblige les patrons à vérifier auprès de la préfecture la validité des papiers de leurs salariés immigrés. Suite à cette procédure, des milliers de travailleurs vont être licenciés et d’autres plus nombreux encore sont menacés. La grève va donc être une réponse collective à cette politique.

Le 15 avril, 20 entreprises sont donc occupées. Les grévistes sont soutenus par leurs camarades licenciés mais aussi par des salariés sans papiers isolés d’autres entreprises. Cette mobilisation est possible car les Unions Locales de la CGT ont mobilisé leurs militants au niveau local. Immédiatement les occupations s’accompagnent d’activités de solidarité et de la popularisation de la lutte.

L’objectif de la CGT est de montrer par la grève que de nombreuses entreprises françaises fonctionnent grâce à de la main d’œuvre sans papiers. Sans ces travailleurs l’économie du pays serait désorganisée. Cette tactique permet de combattre la bourgeoisie sur le terrain économique. Mais elle permet aussi de montrer à l’ensemble des salariés et à la population française que les sans papiers ne sont pas des « profiteurs », des « parasites » qui viendraient en France piller la protection sociale.

Au contraire, cette grève permet de souligner que beaucoup de travailleurs sans papiers paient leurs cotisations sociales et des impôts (sur le revenu et la TVA). Cette tactique remporte immédiatement un vrai succès. De récents sondages démontrent qu’une large majorité de la population soutient cette grève et demande la régularisation de ces travailleurs. L’action de la CGT a fait basculer le combat du domaine humaniste vers celui de la lutte des classes.

Les faiblesses du mouvement

Le gouvernement a du rapidement réagir. Il a essayé de diviser le mouvement par plusieurs moyens. Il a tout d’abord tenté d’engager des procédures de régularisation que de manière individuelle. Lorsque 20 travailleurs étaient en grève, seulement une dizaine recevaient un récépissé. Sur tous les sites en lutte, la CGT a décidé de maintenir la grève jusqu’à ce que tous les travailleurs bénéficient d’une procédure de régularisation. Les préfectures de la région parisienne, dans chaque département, ont également essayé de diviser les sites en grève afin d’isoler les grévistes et de gagner du temps pour les décourager.

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