D’après différents témoignages concordants, il semblerait que ce dimanche, en fin d’après-midi, une ressortissante biélorusse également placée au CRA de Nantes, se soit approchée de la chambre de Monsieur S. Elle a vu des flammes. Elle en a informé les autres personnes retenues qui auraient alors tenté d’alerter les policiers du centre, lesquels n’auraient pas réagi immédiatement. Trois personnes retenues ont alors cassé la porte de la chambre, dans laquelle M. S. s’était barricadé. Quand ils sont entrés à l’intérieur, M. S. était accroupi au sol. Un de ses poignets était tailladé. Selon les personnes présentes, il aurait enflammé du papier journal pour qu’ensuite le feu prenne à la literie. Il aurait ainsi tenté de mettre fin à ses jours.

Les personnes retenues font ensuite état d’une certaine confusion. Les policiers du CRA ont commencé à réagir, mais tout en laissant tous les retenus dans la zone de rétention. Apparemment les alarmes incendies ne se seraient pas déclenchées. La chambre de M. S. a été détruite et l’intégralité du circuit électrique du centre de rétention a été endommagée.

Le CRA a fermé provisoirement ses portes. A 14h30, lundi 21juillet, les sept personnes qui y étaient retenues au moment des faits ont été transférées au centre de Rennes-Saint-Jacques-de-la-Lande, après avoir passé plusieurs heures en LRA ou dans des locaux de garde-à-vue du commissariat Waldeck-Rousseau de Nantes.

M. S., après avoir été hospitalisé quelques heures, a été placé en garde à vue. Cet homme, en rétention depuis le vendredi 18 juillet, était connu du personnel du centre comme ayant de sérieux problèmes psychiatriques. Quelques jours avant les faits, alors qu’il se trouvait libre, il avait tenté de se suicider en voulant se jeter d’une grue haute de 40 mètres. L’intervention des pompiers avait permis de le dissuader d’accomplir ce geste fatal. Il avait aussitôt été placé en hôpital psychiatrique pendant plusieurs jours.

La Cimade déplore la décision de la préfecture de Loire-Atlantique, qui n’a pas hésité à placer en rétention un homme vulnérable, souffrant de problèmes psychiatriques avérés et récemment hospitalisé. Cette décision de placement en rétention a manifestement mis en danger l’intégrité physique et psychique de cette personne et a potentiellement menacé celle d’autrui.

La Cimade estime que des poursuites à l’encontre de M. S. – dont l’état de santé nécessite des soins spécifiques et non une réponse répressive – seraient profondément déplacées.