Cumul emploi-retraite NON !
place aux jeunes

Renouvellement de l’ AGFF OUI !
pour une retraite pleine et entière

Laurence Parisot, la patronne du MEDEF l’a dit et répété : « Il faut repousser l’âge légal de la retraite », c’est-à-dire crever sur le front du travail.

On ne le sait généralement pas, mais en France, l’âge légal pour prendre sa retraite est de 65 ans. La possibilité de s’arrêter de travailler à 60 ans est une dérogation qui fut accordée sous Mitterrand pour juguler le chômage. Il fut même créé à l’époque une nouvelle cotisation pour assurer le financement des complémentaires entre 60 et 65 ans. Elle s’appelait l’ ASF (Association pour la gestion de la structure financière .)

Au moment de « la réforme des retraites », le renouvellement de l’ASF avait été volontairement laissé dans l’ombre. De ce fait, les complémentaires n’allaient jouer qu’à partir de 65 ans, interdisant de facto dans le secteur privé tout départ en retraite à 60 ans, sans perte financière. Ce projet fut mis en échec à l’époque par les luttes et déboucha sur la création le 10 février 2001 de l’ AGFF .

Mais la mesure n’était que reportée, à cause du rapport de force, mais pas abandonnée. Il est plus que probable qu’à l’occasion de la renégociation de l’ AGFF, nous assistions à l’enterrement discret de la retraite à 60 ans. C’est par le truchement de la liquidation/intégration de l’ AGFF que le gouvernement compte décourager tout départ en retraite à 60 ans, en imposant des conséquences financières importantes.

Une perte de 22 % sur les complémentaires

En effet, sans l’accord AGFF, les pertes seront sur les régimes complémentaires respectivement de 22 % à 60 ans, 17 % à 61 ans, 8 % à 63 ans, jusqu’à 100 % à
65 ans.

Celui ou celle qui pense attendre 2009 pour partir à la retraite risque de se faire plumer. La négociation interprofessionnelle s’ouvrira, avant la date butoir
du 31 décembre 2008, pour définir les modalités d’une intégration/liquidation
de l’AGFF dans l’Agirc et l’Arrco.

Si cet accord n’est pas renouvelé (ce que laisse supposer le journal La Tribune
du 2 mai 2008), c’est tout le dispositif de départ à la retraite à 60 ans qui sera remis en cause. Qui pourra se permettre de partir avec une perte de 22 % sur sa complémentaire ? D’autant que l’indexation est toujours au-dessous de l’ inflation réelle : 1,1% cette année, avec une promesse de 0,8% dès septembre.

Le cumul emploi-retraite contre la jeunesse sans travail.

Sarkozy le sauveur est pour le cumul emploi-retraite. Il vient de le dire:

« Ceux d’entre vous qui auront cotisé pour avoir une retraite pleine pourront avoir leur retraite et prendre un emploi en plus et cumuler sans limite retraite et salaire . »

En fait, il faudrait dire qu’avec le non-renouvellement de l’ AGFF, de nombreux salariés (notamment cadres) ne pourront plus maintenir leur train de vie.
Le senior Sarkozy leur propose donc le cumul emploi-retraite, livrant ainsi un paquet de seniors à bas prix sur le marché du travail, en concurrence avec une jeunesse sans expérience qu’on laisse sur le pavé.

Mauvaises nouvelles sur le Fonds de réserve des retraites (FRR).

Pour rappel, c’est Lionel Jospin qui, en homme « prévoyant et responsable », mettra sur pied la FRR, pour permettre de compléter le financement des caisses de retraite dès 2020. Ce fonds de réserve disposait fin 2007 d’une cagnotte de 34,5 milliards d’euros. Seulement, la crise financière est venue altérer ce « précieux butin » dont certains au niveau de l’Etat voudraient disposer pour réduire la dette publique. Comme le fonds vient de perdre 3 milliards sur les marchés financiers, c’est l’occasion de l’attaquer en public pour mauvaise gestion, et s’approprier les
31,4 milliards restants. Le ministre de tutelle, Eric Woerth, est monté au front, proposant de fusionner le fonds avec la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades), qui ponctionne le peuple via la CRDS pour rembourser ses emprunts sur les marché internationaux. Cette dette, celle que l’Etat a faite pour notre compte, est tout de même classée AAA sur les marchés internationaux, donc « sans risque ».
Faut-il comprendre que les réserves financière du FRR serviraient à éponger « la dette sociale », moyennant intérêts d’emprunt versés par la Cades au FRR ? La question reste ouverte, sachant que le fonds a pour objectif de dégager une performance moyenne de 6,3 %.

Le capitalisme n’a plus rien à offrir que la précarité, le chômage, la misère. Pour se libérer de ce fléau, il faut engager la lutte non plus pour les réformes, mais pour le liquider de la planète.

 Pour tout contact : écrire à Echanges BP 241 75866 Paris cedex 18
 Ou : echanges.mouvement@laposte.net

(1)Association pour la gestion du fonds de financement de l’Agirc et de l’Arrco.
(2) Mise en place en 1983 après la convention financière, conclue entre les partenaires sociaux et l’Etat, pour permettre aux régimes Agirc et Arrco de supporter le surcoût des allocations de garantie de ressources et de retraites complémentaires entre 60 et 65 ans (abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans).
(3) Loi n° 2003-775 du 21 août 2003 portant réforme des retraites, voir aussi l’ accord Agirc-Arrco
du 13 novembre 2003.

(4) Nicolas Sarkozy a défendu mardi 6 mai, devant des ouvriers d’une entreprise de béton du Gard, le plan du gouvernement en faveur de l’emploi des seniors, et notamment le cumul emploi-retraite.