Vive les mutineries dans les prisons pour mineurs, et ailleurs !

Mutinerie : tumulte de mécontents, action collective de rébellion

Dans la nuit du 26 au 27 avril, six jeunes détenus sur les treize incarcérés au sein de l’EPM de Porcheville (Yvelines), ont dégradé leurs cellules, quinze jours seulement après l’ouverture du centre de détention. Le lundi 18 juin 2007, c’était à Meyzieu ; et le samedi 7 & le dimanche 8 juillet 2007, à Lavaur.

Fugues, sabotages, incendies, affrontements avec les surveillants, cris aux fenêtres, etc. Souvent étouffés, ces actes d’insoumission sont plus généralement utilisés afin de justifier des mesures de plus en plus coercitives. A Meyzieu, les 4 mineurs se sont fait massacrés par les ERIS et ont pris 7 mois fermes. A Porcheville, les mutins sont retournés en quartiers pour mineurs. Comme dans toutes les autres prisons, ceux qui luttent subissent les mêmes sanctions : transferts, tabassages, mitard. Rappelons que fin janvier, l’administration pénitentiaire de Meyzieu a laissé un jeune détenu se suicider au mitard, où on l’avait enfermé parce qu’il avait mis le feu à sa cellule.

En 2004, Le gouvernement avait annoncé la construction de 7 « établissements pénitentiaires pour mineurs » de 13 à 18 ans. Ils étaient censés offrir 420 nouvelles places d’incarcération s’ajoutant aux 850 existantes dans les quartiers pour mineurs des prisons. Ce renouveau des structures d’enfermement des mineurs s’inscrit dans un renforcement sécuritaire généralisé : création de nouveaux délits et abaissement de la responsabilité pénale pour les mineurs, peines plancher et rétention de sûreté, généralisation du fichage ADN et de la vidéosurveillance, du contrôle biométrique dans les écoles, harcèlement constant de la BAC dans les quartiers populaires et rafles d’étrangers dans les villes… Tout cela se mettant en oeuvre avec une pression industrielle énorme puisque bon nombre d’entreprises misent aujourd’hui leur essor économique sur l’écoulement de produits high-tech de contrôle social. En plein boom depuis septembre 2001, omniprésente à la télé et au centre de tous les enjeux politiques, la propagande sécuritaire déchaîne la peur des autres et cherche à soumettre à la domination économique et sociale. Il s’agit maintenant pour l’État de désigner des délinquants dès le plus jeune âge et de les punir. L’objectif est de mater les classes défavorisées.

Comptant sur un oubli du bilan désastreux des bagnes pour enfants et autres formes d’enfermement du passé, l’État voudrait convaincre du bien fondé et de la modernité des EPM. Du ministre, aux éducateurs en passant par les éducateurs, tous déclarent que : « ce n’est vraiment pas une prison répressive mais une prison de réinsertion ». Ce qui est sûr, c’est que chaque « adulte » possède et utilise quotidiennement les trousseaux de clés qui enferment les détenus dans leur cellule. Cellule, coursive, psychiatre, cellule, cours scolaires, matons, salle de sport, « éducateurs » en mal d’autorité, parloir, barreaux, juges, mur d’enceinte, béton, cellule, cellule, cellule… Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de miradors, mais un panier de baskets, qu’il y a des salles de classes et une salle de vie, que les cellules donnent sur un carré de verdure, que la prison comme lieu d’enfermement disparaît. Existent-ils comme à Fresnes des lignes au sol pour marcher en ligne, ou bien des couleurs pastelles au mur des cellules pour mieux rappeler l’infantilisation des détenus ?

Souvent la prison est un lieu opaque, de ces espaces où il est difficile de s’imaginer à quel point se réalise une utopie du contrôle et de la discipline. Des plans de chantier d’une prison pour mineurs ont été diffusés sur Internet (https://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=84016 ou https://paris.indymedia.org/IMG/pdf/doc-47018.pdf), puis ensuite repris dans un dossier d’information (https://paris.indymedia.org/IMG/pdf/doc-47017.pdf). La diffusion de ces plans permet de « soutenir et documenter toute critique, toute lutte s’attaquant au système carcéral. », parce qu’ils illustrent et montrent comme s’organise l’espace d’une prison.
D’ailleurs, il est important de rappeler que des personnes sont actuellement incarcérées et sous instruction anti-terroriste depuis près de quatre mois (http://cettesemaine.free.fr/spip/article.php3?id_articl…e=999), notamment parce qu’elles avaient parmi d’autres choses des plans de la prison de Porcheville. Les flics n’ont pas hésité à faire de ces plans un secret d’Etat, et de leurs détenteurs des méchants terroristes ; alors même que la directrice de l’EPM de Porcheville dédramatisait la situation dans le Parisien du 28 février 2008 : « Les plans retrouvés chez les anarchistes n’ont rien de secret et se trouvent, avec un peu de recherche, sur Internet ».
C’est pourquoi, en solidarité avec ces deux personnes en prison, et surtout pour nourrir la lutte contre les prisons pour mineurs, il est intéressant de diffuser les plans de chantier disponibles sur Internet, le dossier de presse Pour en finir avec les prisons pour mineurs, de relayer les actes d’insoumission des détenus et de multiplier les actions contre ces structures d’enfermement.

Face aux prisons, construisons des solidarités et des insoumissions

A bas tous les enfermements. Liberté pour tous les prisonniers.