DANS LES CENTRES DE RÉTENTION LA RÉVOLTE A COMMENCÉ !

Le 15 décembre une révolte a commencé au centre de rétention du Mesnil-Amelot : cahiers de doléances, revendications écrites sur les vêtements, refus d’entrer dans les chambres, grève de la faim…

Elle s’est étendue au centre de rétention de Vincennes où de nombreux sans-papiers ont rejoint la grève de la faim et refusé de rentrer dans leurs chambres.


La répression n’a pas tardé. Cent-cinquante CRS sont entrés dans le centre de rétention pour les réprimer. On compte trois blessés parmi les grévistes. La police a refusé d’appeler le Samu. Certaines personnes ont été isolées. Mais les grévistes ont exprimé leur détermination à ne pas céder.

En cette fin d’année, les Préfets ont reçu le message d’accélérer les rafles pour atteindre le chiffre de 25 000 expulsions fixé par le ministère de Hortefeux. Le harcèlement quotidien des sans-papiers s’est encore accentué.
Les arrestations ont lieu partout : lors de démarches administratives, dans les préfectures, les commissariats, devant des consulats, les écoles, au travail, dans la rue, le métro, aux domiciles…

À Rennes, à Bordeaux, à Paris et un peu partout en France et en Europe, ces derniers mois ont vu de fortes mobilisations contre les centres de
rétention.

Donnons de l’ampleur à ce mouvement.

Agissons maintenant pour la fermeture de tous les centres de rétention.

LA RÉVOLTE A COMMENCÉ…

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TROP C’EST TROP !

En cette douce fin d’année, la chasse aux sans-papiers se déchaîne. Pour respecter les objectifs hystériques de la “politique du chiffre”, la police et la gendarmerie arrêtent à tour de bras, et enferment dans les centres de rétention des victimes de la chasse au faciès – souvent en dépit de toute légalité, et en faisant fi toujours du sens humain le plus élémentaire. Trop c’est trop.

À Roissy, à Vincennes, et ailleurs, le mouvement de révolte des sans-papiers se répend comme une traînée de poudre. Tout aura commencé lorsque Abou N’Dianor, un professeur de mathématiques sénégalais de la région d’Orléans, se retrouvant au Mesnil-Amelot, menacé d’expulsion immédiate en dépit de son évidente “utilité sociale”, aura regardé ses compagnons d’infortune et compris qu’ils étaient tous victimes, comme lui, d’une mécanique délirante et cruelle.

Et que voyait-il, Abou ? Des gens dans une détresse inouïe. Des gens pour la plupart “inexpulsables”, enfermés-là par simple excès de zèle – tragique résultat d’une administration qui tente de se conformer aux pressantes demandes de “l’autorité suprême”. Surtout, il voyait les droits humains les plus évidents brutalement bafoués. Alors, il a écrit sur un papier “France pays des droits de l’homme”, et l’a aggraffé sur son Tshirt.

C’était gentil… Non : on l’aura compris, c’était au deuxième degré qu’Abou écrivait ça. Pire : par antiphrase. La violence de son observation aura été si détonnante que lorsqu’il est venu au réfectoire en arborant son écriteau, les gardiens du centre lui auront demandé de le retirer…

Ainsi, c’était eux-mêmes qui refusaient qu’on puisse affirmer une telle chose.
Non, décidément, la France n’est certainement pas le pays des droits de l’homme, et dans ce centre de rétention les policiers en charge du maintien de l’ordre auront pris d’emblée comme une insulte qu’on puisse le leur rappeler. Ou bien voyaient-ils là une revendication déplacée ?

Alors, les autres “retenus” – de cette prison sur laquelle passent tous les touristes qui arrivent en avion à Roissy – sont venus voir Abou pour se solidariser de sa démarche. Le deuxième écrivait : “Liberté, égalité, fraternité”. Toujours par antiphrase…

C’est comme ça qu’est partie la révolte de Mesnil- Amelot. Et si on leur demandait de retirer leurs écriteaux au réfectoire, et bien, les sans-papiers n’iraient plus au réfectoire. Ils déclaraient la grève de la faim. L’un d’entre eux engageant même une grève de la soif qui durera trois jours…

Jeudi à 15 heures, Abou disparaissait. Juste après une visite au cours de laquelle il avait pu se coordonner avec un “soutien” extérieur, lançant un “appel au secours” [voir ci-contre], il était déplacé manu-militari dans un autre centre de rétention à l’autre bout de la région – celui de Vincennes.

Il y arrivera très déprimé. Les gens lui semblaient, au premier abord, beaucoup plus froids qu’au Mesnil-Amelot. Quelques heures plus tard, ils étaient une centaine à refuser le repas… L’épidémie se confirmait.
Finalement samedi un Tribunal parisien ne pourra que libérer Abou, tout comme les Tribunaux sont amenés à libérer, ces jours-ci, à tour de bras des sans-papiers enfermés en dépit des règles de procédure (leur seule protection). Il parait qu’on lui proposerait même une régularisation – s’il voulait se tenir tranquille.

Tous les moyens sont bons pour tenter d’éteindre l’incendie… Espérons que celui-ci laisse en poussière le nouveau système d’enfermement pour étrangers, “la honte de la République”.

QSP