Mais ce matin, l’animateur de l’info ajoute sournoisement : « cette récompense
[aux heureux indicateurs] pourrait bien arrondir leur pouvoir d’achat à Noël ».
À croire, selon le journaliste, que tout le monde est pourri, susceptible de se
faire acheter, se prostituer, trahir ses voisins ou collègues, se faire le Judas
d’une collectivité qui vient de perdre deux de ses enfants, le tout pour 30
deniers ! Mais en fait c’est le meilleur auto-portrait des « putas de los
medios » – les prostitués des médias – que donne ce journaliste (1).

Il est faux de dire que la pute hystérique du présentateur de télévision Jean
Pierre Pernaud est le seul à proférer un discours exprimant l’opinion des
patrons, à exulter ou
à dénigrer les cheminots selon l’évolution du conflit. Pendant les 9 jours de la
grève des cheminots, tous les commentateurs ont montré leur vocation première,
le
devoir de dévotion aux « chaînes » de la prostitution : ils se sont lancés
dans une condamnation a priori des cheminots, poussant littéralement les
interviewés des micro-trottoir, usagers des transports pour la plupart, à
condamner les dits « régimes spéciaux » des cheminots, à dénoncer la grève
pour tous les inconvénients qu’elle leur causait (la fameuse « galère » criée à
tue-tête par tous les médias du capitalisme).

Même constat au moment des nouvelles émeutes : les « putas de los médios » ont
Prétendu que l’accident vraiment fantastique (se jeter à tout
allure contre une voiture de la police circulant lentement) qui a provoqué la
mort des deux adolescent était de l’entière responsabilité de ces derniers, la
police n’y
étant absolument pour rien. Sur Radio Monte Carlo, le lendemain des premières
émeutes un auditeur au téléphone disait avoir tout vu ; selon lui la partie
frontale toute abîmée de
la voiture (dont la position a été modifiée selon ce même témoin), prouve que
les
policiers sont complètement responsables de la mort des deux adolescents ; leur
« mini-moto » a une limitation mécanique de vitesse à 50km/h ;
l’accident a été frontal et pas de coté comme les putas ne cessent de répéter.
On peut bien sur ne pas vouloir croire à ce témoignage, mais il y a trop de
détails qui montrent les embrouilles, les procédés crapuleux des « putas de los
medias », leur mise
en scène : les médias sont toujours devant les événements pour mieux les
déformer
et toujours derrière les bandes armées de l’Etat pour mieux justifier ses
opérations de répression.

Il est inutile de rappeler que Villiers le Bel a été le lieu du drame où deux
jeunes habitants ont été tués dans des circonstances qui ne seront peut-être
jamais élucidées (accident banal vient d’affirmer la « Justice »). Mais il faut
dire qu’en
plus du harcèlement permanent, des fouilles deux ou trois fois par jour, des
contrôles de
papiers d’identité, des menottages, des arrestations de routine, gardes à vue,
etc. subies continuellement par les jeunes des quartiers prolétariens, la police
française est soupçonnée de pratiquer un sport des plus sordides : pousser les
adolescents en motos à accélérer jusqu’à leur faire perdre le contrôle de leur
machine et à les précipiter contre les murs, contre les rembardes, dans les
fossés, etc. ; dans la plupart des « accidents » de ce genre les voitures de la
police ne sont jamais loin…

Les policiers assassins ne seront pas traduits devant la « Justice » que Sarkozy
a promis solennellement d’infliger aux émeutiers.
Mais cette injustice de classe prépare inévitablement la vengeance
prolétarienne, pas seulement contre les policiers et contre les
médias, mais aussi et surtout contre leurs maîtres, les bourges, et contre le
capitalisme !

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(1) « Las putas de los medios » est le titre d’un livre paru au Venezuela qui
dénonce le rôle de médias avant, pendant et après le coup d’Etat manqué du 11
avril 2002 dans ce pays.