Pas plus que ces prédécesseurs de gauche ou de droite, le gouvernement Sarkozyl ne veut ni ne peut se passer des travailleurs immigratés et des sans-papiers: des secteurs entiers de l’économie, depuis l’agriculture jusqu’à la confection en passant par le bâtiment, exploitent la main d’oeuvre docile par force que sont les sans-papiers, tandis que les travailleurs immigrés en général constituent une fraction importante de la classe ouvrière industrielle. En aggravant les mesures contre eux, les gouvernants veulent en fait les condamner toujours plus à une véritable exploitation négrière.

La répression contre les travailleurs étrangers, désignés comme des fauteurs de trouble (voire des terroristes!) potentiels, est une arme classiquement utilisée par la bourgeoisie française (comme celle des autres pays) pour affaiblir tous les travailleurs: la concurrence de prolétaires dont la condition précaire ne leur permet pas de se défendre, sert aux capitalistes à faire pression sur les travailleurs nationaux. De plus les patrons organisent la division entre prolétaires de différentes nationalités, races ou religion, pour empêcher les luttes. La division entre français et étrangers et le racisme qui en est la conséquence, sont un des piliers les plus constants et les plus solides de la «politique sociale» de la bourgeoisie, un des moyens les plus efficaces pour paralyser le prolétariat.
La solidarité avec les travailleurs immigrés et avec les sans-papiers est donc un besoin de la lutte des travailleurs pour la défense de leurs intérêts; c’est la condition indispensable pour que le prolétariat unisse ses forces contre les capitalistes et leur Etat.

L’opposition au contrôle de l’immigration par l’Etat bourgeois, l’opposition aux expulsions et aux harcèlements policiers, la lutte contre le véritable état d’exception auquel sont soumis ces travailleurs, est une revendication de classe bien plus qu’un souci humanitaire, charitable ou démocratique.

Mais c’est à vider la solidarité de tout sens de classe que s’emploient les organisations charitables, religieuses ou les partis de gauche (et leurs suivistes d’«extrême-gauche»). Lorsqu’ils étaient au gouvernement les partis de gauche ont organisé la répression des sans-papiers (il suffit de rappeler les lois Chevénement ou les charters d’Edith Cresson); ils n’ont rien fait pour améliorer la situation des travailleurs (immigrés ou français), trop occupés qu’ils étaient à améliorer la situation du capitalisme!

Pendant sa campagne électorale Ségolène Royal s’était opposée à la régularisation de tous les sans-papiers, acceptant donc de les laisser sous la domination complète des patrons et la menace des flics. Alors que certains de ses ténors soutiennent ouvertement l’essentiel de la politique sarkozyste sur l’immigration, le PS ne s’indigne aujourd’hui, avec des politiciens de droite, que sur la méthode envisagée pour entraver le regroupement familial (tests ADN)! Quant au PCF, il préconise une «mobilisation citoyenne» et pas une lutte des travailleurs. C’est au nom des intérêts de la nation qu’il appelle à la mobilisation: «Le gouvernement supprime cet outil d’intégration qu’était la carte de résident et invente, par voie législative, une nouvelle manière de fabriquer des sans-papiers. La conséquence de cette mesure est terrible, non seulement pour les personnes, mais surtout pour le pays»! (communiqué du 9/2/2006): pour le PCF, les intérêts du pays, de l’économie nationale – c’est-à-dire du capitalisme national, priment ceux des «personnes», sans parler de ceux des prolétaires exploités par ce capitalisme: c’est pourquoi il n’a pas hésité à faire appel aux CRS pour expulser des immigrés sans logis (Aubervilliers, Montreuil), de même que les syndicats CGT, CFDT, FO avaient fait expulser de la Bourse du Travail des sans-papiers (avril 07)!

Ces réformistes sont des adversaires des prolétaires, français ou immigrés. Ils l’ont démontré non seulement au gouvernement, mais en dehors par leur sabotage systématique des luttes sociales.

La solidarité avec les travailleurs sans-papiers et leurs luttes, comme hier avec les jeunes révoltés des banlieues, ne peut se concrétiser que si elle s’organise et se mène en complète indépendance des organisations collaborationnistes. Pour être efficace, la solidarité doit se places sur le terrain de la lutte réelle, et non sur celui des pétitions, des «actions symboliques», des appels aux «personnalités», de la confiance dans les institutions de l’Etat bourgeois. L’action et la solidarité ouvrières peuvent empêcher les expulsions et faire reculer le gouvernement, si elles sont organisées sur des bases de classe. Face aux attaques bourgeoises qui se succèdent sans interruption, le retour à la lutte de classe est une nécessité impérieuse.

Non aux rafles, non aux expulsions!
Régularisation de tous les sans-papiers!
Non à la criminalisation de l’aide aux sans-papiers!
Abrogation de toutes les entraves à la circulation des prolétaires et au regroupement familial!
Egalité des droits pour tous les travailleurs! Non au contrôle de l’immigration!
Union de tous les prolétaires dans la lutte contre le capitalisme et l’Etat bourgeois !

Parti Communiste International
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