L’identification du communisme avec le stalinisme constitue le plus grand mensonge du siècle dernier ! Ce régime barbare ne fut absolument pas le successeur mais bien le fossoyeur de la Révolution d’octobre 1917.

Durant la Première Guerre mondiale jusqu’à la fin des années 20, la lutte de la classe ouvrière s’est répandue à travers le globe. La révolution russe, par son insurrection victorieuse, constitua le plus haut point atteint par cette vague internationale1. Mais comme l’annoncèrent les spartakistes et bolcheviks « c’est ici que commence la fatalité de la Révolution russe. La dictature du prolétariat en Russie est, au cas où une révolution internationale prolétarienne ne viendrait pas la soutenir à temps, condamnée à une défaite exemplaire auprès de laquelle la fin de la Commune de Paris ne serait qu’un divertissement2 » (Lettres de Spartacus n°8, août 1917). Et effectivement, la « révolution internationale prolétarienne ne [vint] pas la soutenir à temps », la vague fut brisée, la lutte cessa de s’étendre et la bourgeoisie triompha finalement dans un bain de sang immonde. Et c’est tout naturellement en Russie que la contre-révolution se fit la plus brutale, haineuse et revancharde !

La bourgeoisie mondiale réussit en effet à contenir ce mouvement gigantesque de la classe ouvrière qui ébranlait la planète. Surmontant la frayeur que lui inspirait la perspective de sa propre disparition, elle a réagi tel un fauve blessé, jetant toutes ses forces dans la bataille, ne reculant devant aucun crime. Par la ruse et la répression, les mensonges et les massacres, elle a vaincu les masses ouvrières insurgées. Elle a écrasé dans le sang les prolétaires en Allemagne en 1919, en 1921, en 1923, n’hésitant pas à assassiner froidement des militants tel que Rosa Luxembourg, Karl Liebknecht ou Léo Jogiches. En même temps, elle entourait la Russie révolutionnaire d’un « cordon sanitaire » sous la forme d’un blocus livrant à la pire des famines des dizaines de millions d’êtres humains (famines qu’elle s’est évidemment empressée de mettre sur le compte du mouvement révolutionnaire lui-même). Par un soutien massif en hommes et en armements aux armées blanches du tsarisme déchu, elle y a déchaîné une guerre civile effroyable, provoquant des millions de morts et détruisant totalement l’économie.
Cette contre-révolution engendra un monstre : le stalinisme. Alors que tous les révolutionnaires et la classe ouvrière pensaient qu’une défaite serait synonyme d’un écrasement du pouvoir prolétarien par les armées blanches, ce n’est pas seulement de « l’extérieur » mais aussi de « l’intérieur » qu’a surgi et finalement triomphé l’ennemi. Le dénouement de la Commune de Paris en 1871 fut tragique mais clair : les troupes de la bourgeoisie française ont massacré et repris le pouvoir en main. Par contre, en Russie, la bourgeoisie mit un masque : au nom du socialisme, elle écrasa… le socialisme, au nom des ouvriers, elle massacra et réduisit à la misère des millions… d’ouvriers, au nom du parti bolchevik, elle exécuta et déporta des milliers de militants… du Parti bolchevik !

Il est important de se rappeler que pendant les semaines cruciales d’octobre 1917, comme durant les mois précédents, il s’est manifesté au sein même du parti bolchevik un courant qui reflétait le poids de l’idéologie bourgeoise en s’opposant à l’insurrection et que Staline en était déjà un dangereux représentant. Pendant l’insurrection elle-même, l’aventurier politique Staline « disparut », en réalité pour voir de quel côté le vent allait tourner. La lutte de Lénine et du parti bolchevik contre le « stalinisme » en 1917, contre les manipulations, contre le sabotage hypocrite de l’insurrection devait reprendre au sein du parti dans les années suivantes mais, cette fois, dans des conditions historiques infiniment moins favorables.

Non, le stalinisme n’est décidément pas le produit de la révolution d’Octobre 17 ! Il en est son bourreau ! De concert avec toutes les autres bourgeoisies, il a déchaîné la plus sanglante et la plus terrible contre-révolution de l’histoire. Non content d’imposer une exploitation forcenée de la classe ouvrière, d’exercer sa terreur, de remplir ses geôles, de livrer à la déportation et à la mort des dizaines de millions de prolétaires sur plusieurs générations, tout ce qui pouvait subsister d’Octobre 17 a été férocement piétiné, décimé, anéanti sous ses coups. Cet acharnement s’est traduit en particulier par l’élimination systématique au sein du parti bolchevik de tous les révolutionnaires défendant les principes révolutionnaires et internationalistes d’Octobre 17. La déclaration officielle en 1927 du « socialisme dans un seul pays » par Staline, symbole du triomphe de la bourgeoisie et de son nationalisme viscéral, fut le coup de poignard mortel anéantissant la nature même de la lutte de millions d’ouvriers à travers le monde : l’internationalisme et la solidarité de classe !

Pour triompher, le stalinisme est passé sur le corps de la classe ouvrière et sur l’âme de la révolution prolétarienne !

1) Lire l’article de ce journal Octobre 1917 : La révolution prolétarienne est nécessaire et réalisable.
2) L’insurrection des ouvriers parisiens en 1871 se termina par « la semaine sanglante » et l’écrasement de la Commune par les troupes versaillaises. Les insurgés payèrent un prix élevé : 25 000 d’entre eux furent exécutés sommairement et 10 000 condamnés légalement (sic !) à mort.

Lire la presse révolutionnaire sur : www.internationalism.org

Courant Communiste International