La vie des habitants de Cisjordanie et de Gaza était déjà épouvantable auparavant. Mais ce boycott, indigne de l’humanité, l’a rendue infiniment plus effroyable.

Ainsi, des Etats démocratiques, qui prétendent défendre la liberté et les droits humains, en sont venus à priver un peuple – déjà très éprouvé par les longues années de privation sous occupation – de tout moyen de subsistance. Cela est un crime. Cela est inadmissible. Cela doit cesser.

Les résultats sont là, implacables, terrifiants.

Ce boycott a détruit toute la société, et encore aggravé une situation qui était déjà d’une extrême gravité. C’est une catastrophe humaine programmée.

Par ce boycott, aussi injuste qu’illégal, le monde a délibérément réduit à l’état d’esclavage des millions de Palestiniens, pour la seule raison qu’ils ont élu les autorités qu’ils considéraient comme étant les plus aptes à servir leurs intérêts. Or, si durant l’esclavage les esclaves pouvaient encore parfois échapper à leurs bourreaux, les Palestiniens de Gaza, qui vivent enfermés par l’occupant militaire israélien dans une grande prison, ne peuvent, eux, aller nulle part.

Voilà, aujourd’hui, des centaines de milliers d’enfants qui souffrent de malnutrition ; voilà des mères à bout de ressources, contraintes aujourd’hui à se livrer à la prostitution pour nourrir leur progéniture ; voilà des pères sans salaire qui, après avoir vendu les quelques effets personnels vendables qu’ils possédaient, jetés au désespoir, humiliés de ne pouvoir offrir une vie décente à leur famille, atteints dans leur dignité d’homme, versent dans la folie. Il n’est pas rare, en effet, de voir des hommes désœuvrés, qui semblent avoir perdu la raison, divaguer dans la rue, en se parlant à eux-mêmes.

Quel père, quelle mère, peuvent supporter de voir leurs enfants dépérir sans recours ? « Pour notre société, c’est terrible. Nous avons été poussés aux extrêmes. La prostitution n’est pas quelque chose d’usuel à Gaza. Cela est ressenti comme une immense offense, une immense humiliation. C’est une terrible blessure pour une société comme la nôtre où la femme est protégée et où la prostitution était inexistante», se désole cette femme qui a accepté d’évoquer, non sans réticence, cette plaie.

De savoir que le boycott économique du monde « occidental » a fini par pousser certaines de ces mères, fières, résistantes, à cette extrémité-là, à cette déchéance-là, de savoir que ces mères ont dû, doivent renoncer à la seule chose qui leur reste, la dignité, pour sauver la seule chose qui leur importe, la survie de leur enfant, notre cœur se brise.

Face à cette immense tragédie, où est le mouvement de solidarité qui devrait défendre les Palestiniens victimes de l’oppression israélienne ? Où est sa voix ?

Ne serait-il pas temps, pour ces mouvements qui ont malencontreusement apporté leur soutien aux accords d’Oslo et à ceux qui, en Palestine, en ont largement profité au détriment de leur peuple, de tirer enfin les cruelles leçons des faits ?

Pourquoi les responsables d’un grand nombre d’associations qui se posent en défenseurs des Palestiniens, en défenseurs de la justice, n’appellent-ils pas massivement à un boycott d’Israël ? Pourquoi s’emploient-ils au contraire à neutraliser la voix de ceux qui, depuis longtemps, demandent que l’Etat d’apartheid d’Israël soit traité comme l’avait été – avec succès – l’Afrique du Sud ?

Pourquoi ne mènent-ils pas une vaste campagne visant à faire pression sur les gouvernements « occidentaux » pour qu’ils mettent fin au boycott financier et politique immoral des membres du Hamas démocratiquement élus, boycott qui sanctionne également tous les Palestiniens ?

La réponse à cette question ne serait-elle pas que la voix de nombreuses associations de solidarité est majoritairement sous l’influence des orientations d’un « camp de la paix » israélien, plus soucieux de préserver les intérêts d’Israël que de défendre les droits des Palestiniens ?

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