Il existe aujourd’hui des centaines d’intellectuels désoeuvrés qui, ne pouvant réussir leur carrière, condamnent  » l’Occident vendu aux puissances de l’argent ».

C’est dans ce cadre qu’aura lieu le 22 mai à Marseille une soirée intitulée « littérature de combat ».

Mais avec une « littérature de combat » pour quelque chose qui n’a rien de positif.

Le mot d’ordre est en effet « extase de la haine », et les textes qui seront lus seront de :

Alain Soral, la nouvelle tête pensante des « Nationalistes Révolutionnaires » qui tente(nt) de prendre définitivement le contrôle du Front National (Soral a écrit les derniers discours de Le Pen, défini la ligne présidentielle et marche pour ainsi dire en binôme avec Marine LePen) ;

Jean-Louis Costes, se définit comme un « artiste » faisant des performances, comme par exemple lorsqu’il se recouvre de ses propres excréments avant de les manger, de se masturber avec, etc. Véritable « idole » de la scène artistique « underground » ;

Marc-Edouard Nabe, intellectuel admirateur des auteurs ultra-réactionnaires Bloy, Rebatet et Céline ;

Laurent James, un consultant marseillais qui lorsqu’il ne fait pas l’apologie de l’auteur fasciste Ezra Pound part en guerre contre les « pourritures gauchistes salonnardes ».

Tous ces auteurs ont un point commun : ils critiquent toutes les valeurs dominantes de la bourgeoisie, tout en considérant que le peuple n’est au mieux qu’un « moyen ».

La présentation révèle la nature totalement étrangère à toute réelle culture populaire de cette soirée. Il est dit que « les auteurs concernés ont tous en commun de s’adonner à l’exploration du réel le plus immédiat, y compris les actualités dans ce qu’elles ont de plus exaltant ou de plus sordide, afin d’y extraire la charge fictionnelle ».

En clair : ces dandys s’ennuient, la vie quotidienne du peuple leur paraît ennuyeuse, ils cherchent donc vivre des choses « extrêmes » pour se sentir vivre.

Il est également dit que « chacun à sa manière, les écrivains qui seront lus ont tous choisi de délaisser l’attitude méprisante de l’artiste retranché dans sa caverne, pour plonger en direct dans le monde des médias, de la politique, de la religion et du social. Les visions qu’ils en retirent sont anguleuses, métaphysiques et polémiques. »

Cet élitisme de façade cache en réalité que ces intellectuels sont coupés des écrivains, car « l’écrivain dans sa caverne » est un mythe : aujourd’hui les écrivains doivent lutter pour être édité, dans l’écrasante majorité des cas ils n’y arrivent pas car le profil des auteurs est très clair (professeur d’université, journaliste, etc., c’est-à-dire des gens disposant d’un bon carnet d’adresse et de relais médiatiques, etc.).

Ces intellectuels sont en fait des carriéristes, se mettant au service de la tendance à la fascisation, de la tendance de la bourgeoisie impérialiste à conquérir l’hégémonie culturelle.

Il faut être clair : que la pensée fasciste moderne se produise dans les salons intellectuels bourgeois (ou « bobos ») à la mode avec pignon sur rue est quelque chose de très important et nous, et toutes les personnes antifascistes, devons surveiller cela avec toute l’attention que cela mérite.

L’avancée du fascisme comme théorie/pratique recours pour la bourgeoisie ne tombe pas du ciel : elle passe précisément par ces usines à idéologie…

Et qu’Alain Soral soit une référence pour ces gens-là doit aussi faire réfléchir sur l’avancée des fasciste en terme de construction de réseaux necéssaires à la prise du pouvoir.

Laurent James, l’organisateur de la soirée, est ainsi un de ces intellos bourgeois dandys qui trippent sur la haine et un « jeune qui monte », assumant pleinement son côté « réactionnaire » chrétien et métaphysique. Pour exemple, un extrait de son article intitulé « Fâché à mort » : « Il se fait chier et cracher dessus du soir au matin par des tribus de jeunes connards pourris de fric, qui l’insultent de « sale français » (moi, ça me ferait pas plaisir) tout en se faisant passer pour des victimes sociales dès qu’une caméra débarque dans leur quartier. S’ils te foutent leur poing dans la gueule dès que tu relèves les yeux, c’est parce que la mairie n’a pas réaménagé leur salle de boxe qu’un de leurs potes a détruite par désoeuvrement ! Après une nuit passée à essayer de dormir, le travailleur se fait ensuite traiter de raciste par le pouvoir culturel en place dès qu’il s’enhardit à exposer, dans des termes certes fort peu raffinés, ses menus problèmes de voisinage. Ce n’est que suite à quelques incendies de synagogues que les intellectuels se sont décidés à le regarder autrement, après trois bonnes décennies de mépris royal. »

Il faut également parler de Costes. Ce bourgeois égocentrique s’est produit pendant des années dans la scène squat (en se faisant bien payer d’ailleurs) avec ses « performances » qui oscillent entre le pipi caca (littéralement), le machisme et l’éructation raciste …

A ceux qui, déjà à l’époque, trouvaient tout ça bien mal à sa place dans des squats anarchistes ou autonomes (et qui, comme par hasard, étaient en général issues des minorités visées par les propos du monsieur), on répondait systématiquement que c’était du second degré, qu’il poussait le racisme jusqu’au bout pour en montrer l’absurde et autre blablas relativistes. Ce qui sous-entendaient quand même que « ces reubeus/blacks/juifs/pédés/meufs (au choix) n’ont pas d’humour et se plaignent vraiment pour rien ! »

Il faut croire que finalement il croyait bien à ce qu’il éructait sur sa musique de merde … comme Dieudonné, Houellebecq, Dantec, Soral ou avant eux Céline et Léo Mallet (tant appréciés des libertaires).

Car, oui, le fascisme existe bien ! Il a plusieurs formes mais toujours celle de la haine, du mépris « aristocratique », de l’individualisme et prend toujours la forme de la « subversion » et en appelle toujours à l’esprit, à la métaphysique dans sa quête malade de pureté.

Il faut analyser et affronter le fascisme, cette tendance nihiliste, et non pas la nier. Au contraire de Besancenot qui avait, avant les élections présidentielles, refusé de débattre avec Soral à la télévision, expliquant que :

« Avec Soral, il ne peut s’agir d’organiser une discussion politique, d’échanger argument contre argument. Soral ne représente pas un courant politique ou idéologique. C’est un ancien intellectuel de gauche qui a mal tourné s’est mis au service de l’extrême droite. C’est un provocateur qui au lieu de débattre pratique le mensonge et l’insulte. Il dit par exemple sur son blog : « je hais le trotsko-gauchisme » et « Besancenot n’a pas de couilles ». A ce niveau-là, toute discussion compréhensible, qui permet au téléspectateur de cerner les divergences, est impossible. Puisque nous étions dans l’obligation de débattre avec le FN, nous avons demandé à Ripostes d’inviter un de ses dirigeants officiels, ce qui fut fait en la personne de Louis Aliot. »

C’est une erreur grossière, une démission totale ! Il faut au contraire montrer que les révolutionnaires n’ont pas peur du nihilisme, du dandysme « radical ». Besancenot a montré que pour lui (et pour les trotskystes) la société bourgeoise ne s’effondre pas, que pour lui le système est stable, une conception à l’opposé des communistes qui dans l’Allemagne des années 1930 n’hésitaient pas à porter la contradiction aux nazis dans leur propre meeting.

Car la bataille est la bataille pour l’hégémonie dans les masses, et celle-ci se déroule sur tous les fronts.

Voilà pourquoi les fascistes organisent la « tradition » d’un défilé au flambeau chaque année à Paris le 9 mai « en l’honneur » d’un des leurs mort après avoir été poursuivi par la police.

Il ne s’agit pas de « symbolique », comme le pensent les libertaires dépassés par la bataille pour le pouvoir, mais de culture.

Dans cette époque de putréfaction de la société bourgeoise, avec les tempêtes qui s’annoncent, il est plus que temps de faire le ménage dans les rangs révolutionnaires, de rejeter l’individualisme, de cracher sur la posture de dandy décadent, de briser la pénétration idéologique fasciste.

Et pour cela, il faut une ligne CLASSE CONTRE CLASSE.

Sans cela l’extrême-gauche se trimballera inévitablement des individus rejetant les bourgeois en paroles, mais méprisant surtout les masses, comme par exemple le pseudo artiste Jean-Louis Costes qui explique :  » Ah bande de cons, vous enviez les riches et les haïssez ! Mais les bourgeois français ne sont pas les juifs des start-up. Ce sont pas des mecs qui spéculent sur le net au bord de la piscine à Tati. Les bourgeois qui ont construit la France à coups de triques sont des pauvres qui ont réussi à sortir de l’enfer des usines du XIXème siècle en trahissant leurs frères et en assassinant leurs pères-mères de leurs propres mains. » (L’Enfer Bourgeois, hors-série « Bloy » de la revue « Cancer ! » de juin 2003)

Voilà l' »anticapitalisme » des classes moyennes, voilà l’antisémitisme, voilà la crise capitaliste qui nous fait dire : nous sommes au seuil des années 1930.

Voilà la critique petite-bourgeoise soit-disant révolutionnaire, mais incapable de se confronter à la vie quotidienne, d’avoir le niveau de la détermination prolétarienne, car il s’agit d’une attitude révolutionnaire de façade, d’une attitude « forcée » par la crise capitaliste à notre époque.

Or, « Le caractère révolutionnaire forcé est une contradiction en soi – une contradiction improductive. Une pratique politique révolutionnaire, dans les rapports dominants que nous connaissons – ou même dans tous les cas -, suppose la concordance permanente du caractère individuel et de la motivation politique, c’est-à-dire l’identité politique. Critique et auto-critique marxistes n’ont pas grand chose à voir avec  » l’auto-libération « , mais bien plutôt avec la discipline révolutionnaire. » (RAF, Sur la guerilla urbaine)

La seule perspective révolutionnaire, c’est celle ouverte par Octobre 1917 et la grande révolution culturelle chinoise, voilà la culture révolutionnaire !

La perspective intellectuelle « métaphysique », « patriote », « nationaliste », etc. n’est qu’un charabia pour tromper les masses, pour les mobiliser au service de la guerre impérialiste.

Il n’y a aucun hasard si revient sur le devant de la scène un intellectuel comme Marc-Edouard Nabe, pour qui « Dès qu’on prononce le mot « Juif », il y a un joug terrible, on ne peut plus dire ce mot sans que tout le monde vous tombe sur le dos. Sans que tout le monde essaie de vous faire passer pour un hitlérien simplement. Je vomis la terre entière dans ce livre, il n’y a pas de raison pour que les Juifs soient exclus de ma gerbe d’or. C’est ça ce que je dis… » (Coups d’épée dans l’eau)

Il n’y a aucun hasard si le premier ouvrage de Nabe, « Au régal des vermines », est republié vingt ans après aux éditions Le Dilettante, ces éditions parisiennes republiant des auteurs ultra-réactionnaires comme Alain Fournier.

Il n’y a aucun hasard à ce que tout ce beau monde ait été plus ou moins proche de la revue « Cancers », où l’on retrouve également des grandes figures de la pensée « bobo » (bourgeois bohème) comme Frédéric Beigbeder (ainsi avec son article « Je n’ai rien à reprocher à Maurice Dantec », écrivain pour qui « Le Pen est un gauchiste ») ou Mehdi Belhaj Kacem, auteur notamment de « La chute de la démocratie médiatico-parlementaire » (« Etre révolutionnaire dans les temps qui s’ouvrent, c’est contribuer à abattre cette démocratie médiatico-parlementaire »).

Il n’y a aucun hasard à voir se balader sur les plateaux des émissions « culturelle » bobos, comme « Ce soir ou jamais » Alain de Besnoit, l’un des plus grands intellectuels d’extrême-droite, et le voir y défendre … Mai 68 ! Et pas n’importe lequel, le Mai 68 anti-capitaliste, celui qui remettait en cause toute la société et sa culture, bref le Mai 68 révolutionnaire.

Et cela en présence d’Edwy Plenel, ancien trotskyste ayant dirigé le journal « Le Monde », ou encore Philippe Corcuff, maître de conférences à Sciences-Po Lyon et membre de la LCR.

Il n’y a aucun hasard si pour ces gens le « système » s’effondre, mais jamais le capitalisme ; s’ils sont fascinés par l’Islam, le 11 septembre 2001, l’antisémitisme, la métaphysique…

Ou encore par Chavez, comme le montre le colloque « Projet politique pour le XXI siècle » qui aura lieu le 27 mai 2007 au palais des congrès du Cap d’Agde, organisé par le vice-président du Front National Jean-Claude Martinez, l’intellectuel Alain Soral, sous la présidence du Général José Nicolas ALBORNOZ, Membre de l’Etat-major du Président de la République bolivarienne du Venezuela Hugo Chavez !

Il est plus que temps d’affirmer, d’arborer NOTRE idéologie : celle de Révolution ! Mais pas de la révolution « métaphysique », car NOTRE culture est celle de la Révolution très « physique », de la révolution dans le concret, de la révolution sociale, de la révolution culturelle !

Celle qui change tout REELLEMENT, qui change vraiment les rapports sociaux, supprime la pauvreté, abolit les rapports d’exploitation et de domination, le nombrilisme bourgeois et autre scories de ce monde !

Autonomie Proletarienne, guérilla partout ! Critique radicale, libération totale ! Guerre Populaire jusqu’au communisme !

Pour le PCMLM, mai 2007.