RESISTONS ENSEMBLE / bulletin numéro 53 / mai 2007
Élections : c’est le tout sécuritaire qui a gagné

– Élections : c’est le tout sécuritaire qui a gagné
– Dernière minute 08/07/07
– Ceux qui n’ont pas le droit de vivre ce qu’ils vivent
– Émeute gare du nord
– Gestion syndicale des débordements sociaux
– La logique répressive suit son cours
– [ S U R L E V I F ]
Libérez Sofiane
– [C H R O N I Q U E D E L ‘A R B I T R A I R E]
Les comparutions immédiates
Un sit-in face à une arrestation
Riposte aux violences policières survenues à Rouen
Exactions de la BAC à Rennes
Quand le flic sort son arme…
Rétention de données informatique
– [ A G I R ]
Expulsion des malades étrangers : pétition

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{{{Élections : c’est le tout sécuritaire qui a gagné}}}
Contrairement aux présidentielles de 2002 pour ces élections ce n’était pas l’hystérie sécuritaire. On n’avait pas vu des têtes ensanglantées sur les écrans. Même les émeutes de la G are du Nord ne faisaient pas polémique entre Royal et Sarkozy. Seraient-ils revenus à de meilleurs sentiments ? Certainement pas. S’il n’y a pas eu de polémique, ce qu’il y a eu c’est un consensus entre les deux candidats… et ce dès le début de la campagne. Avec son « ordre juste », son « Etat impartial », ses camps pour jeunes gardés par l’armée… Ségolène Royal a d’emblée défini le cadre sécuritaire qu’elle entend maintenir. C’est d’autant plus vrai qu’elle n’a même pas abordé la suppression des lois sécuritaires créées par la gauche et la droite. Sarkozy, sur ce terrain, n’avait rien à prouver, il a juste avancé quelques bricoles : comme la quasi-suppression du regroupement familial, les peines planchers… Il entend poursuivre son œuvre sur sa lancée.
La victoire de Sarkozy déclenchera immanquablement des résistances, des révoltes parmi les plus opprimés : la jeunesse des cités et des quartiers populaires. La répression sarkozyste, installée, cette fois-ci directement aux commandes, les frappera durement. En novembre 2005, les émeutiers sont restés bien seuls. Cette fois-ci la solidarité active doit s’organiser entre et avec les révoltés, sinon, nous y passerons tous.

{{Dernière minute 08/07/07}}
Les partis de gauche gouvernementale et les associations qui leur sont liés nous appellent à rester calmes pour préparer les élections législatives. Tout le monde n’entend pas visiblement se soumettre à la logique de ceux qui, par leur complicité, couardise, silence ou inertie nous ont permis la victoire de Sarkozy. Depuis dimanche soir le pays est secoué par une vague de manifestations de protestation contre la prise de pouvoir de Sarkozy. Barricades, vitrines de banques brisées… répondent aux provocations policières, aux gazages massifs, aux tirs de flashball. Déjà, un bon millier d’arrestations, des peines de prison ferme en comparution immédiate en cascade. Libération des emprisonnés ! Non à la répression policière et judicaire ! La résistance est dans la rue et non dans les combinaisons électorales.

{{Ceux qui n’ont pas le droit de vivre ce qu’ils vivent}}
Le 23 Avril, au tribunal de Bobigny comparaissaient 2 rappeurs suite à une plainte déposée par le ministre de l’intérieur (à l’époque Villepin) pour « diffamation » et « injure publique » envers la police, des amendes de 1 000 à 3 000 euros ont été requises, (délibéré le 21 Mai). Les propos visés par la procédure : un texte où il est question d’une violente interpellation durant laquelle un policier tient des propos injurieux, obscènes et racistes. {« C’est de l’imagination, c’est fictif même si des gens ont déjà vécu pire que ça »} se défend un rappeur, {« n’a-t-on pas le droit en France de parler de certaines dérives alors qu’elles sont sanctionnées par ce même tribunal ? »} ajoute son avocat. La réponse est non. Quand il s’agit des violences policières dont sont quotidiennement victimes les jeunes des quartiers populaires, c’est silence radio et tout sera fait pour criminaliser ceux qui les subissent et les dénoncent : ceux qui se révoltent sont réprimés, les rappeurs le chantent et sont censurés, tout ça va ensemble et ça ne risque pas de changer de sitôt.

{{Émeute gare du nord}}
Que doit-on retenir de l’émeute de la gare du nord ? Au moins une chose, c’est que de plus en plus souvent les jeunes et moins jeunes, qu’ils viennent de banlieue ou pas, ne supportent plus le traitement qui leur est réservé, contrôle au faciès, harcèlement de la police et des contrôleurs ratp et sncf. C’est pour cela et plein d’affaires semblables que des personnes se sont interposées, dans un premier temps pacifiquement, face à la police pour condamner le traitement qu’a subi un jeune sans papier qui avait fraudé dans le métro. À la vue de cette humiliation publique des groupes de jeunes et de passants ont réclamé la libération du jeune. La police, aidée de la ratp, voyant se former un groupe de personnes, principalement des jeunes de cité, a appelé des renforts. Un escadron de CRS a fait irruption dans la gare pour disperser la foule mais cela ne s’est pas passé comme prévu parce que les jeunes ont résisté, ils sont restés là à réclamer la libération du jeune. La police a alors chargé la foule, comme des boeufs, à coup de matraque et de gaz lacrymogène. Ce que nous devons retenir principalement de cette histoire est le refus de la punition collective que subissent les banlieusards, surtout les jeunes d’origine immigrée. Ce harcèlement étatique qui dure depuis les premières vagues d’immigration, nos parents ont été humiliés, leurs enfants nés en France ou pas le refuse, pas en baissant la tête mais en résistant face à la police verbalement et physiquement. C’est pour cela qu’il est important de les soutenir avant, pendant et après, comme tous les jeunes face à des juges qui prononcent des jugements avec une pression des politiques. [ S U R L E V I F ]}}}
{{Libérez Sofiane}}
Sofiane, jeune homme de Sarcelles, a été interpelé durant les émeutes de Gare du Nord. Agé de 18 ans (ironie du sort il venait de les avoir la veille de son interpellation) il a été mis en détention provisoire à Fleury en attendant son jugement à la 23 Bis. Il a été accusé d’avoir brisé la vitrine du Foot Lockers qui a été pillé lors des émeutes et d’avoir pris une paire de baskets. Le procureur avait requis 5 mois fermes. Sofiane a nié le fait d’avoir brisé la vitrine du magasin, mais reconnaît le vol. L’avocate de Sofiane a réclamé les preuves vidéos et photo que les forces de l’ordre n’ont pu fournir. Le procureur a fondé sa réquisition sur la bonne foi des flics. Sofiane a été menacé lors de son interpellation par les flics {« tu vas payer pour tous les autres, on va tout te coller sur le dos »}. Faute de preuves, le juge a condamné Sofiane à 1 mois ferme qu’il avait déjà fait en préventive. Il a été libéré à la grande joie de sa famille, et des personnes venues le soutenir et montrer au juge que de plus en plus souvent ces jeunes condamnés ne seront plus seuls. www.medecinsdumonde.org/mobilisation/petition].