NATURE ET ÉPANOUISSEMENT La Randonnée : un art de vivre 2001

Ce texte a pour objectif de familiariser les jeunes activistes libertaires aux situations d’émeutes (attention donc à sa diffusion qui doit rester « ciblée » et à sa détention qui doit être discrète).

C’est un texte essentiellement « technique » qui n’aborde pas le débat sans fin « violence/non-violence ».

Il n’est pas l’oeuvre d’un spécialiste et chacun(e) peut l’enrichir.

QUELQUES PRÉALABLES EN VRAC :

L’émeute peut-être spontanée suite à une réaction de colère (refus de la part du gouvernement ou du patronat de céder sur des revendications ou intervention brutale, disproportionnée et/ou gratuite de la police …) ou bien préparée (dans le cas d’une manif ponctuelle ou au cours d’une lutte afin d’essayer de la débloquer). C’est à l’émeute préparée, conçue comme un moyen d’action politique (parmi d’autres), moyen adapté à une situation donnée, que ce texte va s’intéresser.

L’émeute est un moyen d’action qui comporte des risques. Elle doit donc être envisagée avec prudence (ce qui n’exclut pas la détermination). Elle ne consiste pas à faire n’importe quoi, n’importe comment, n’importe quand. Les moyens utilisés, l’intensité et l’échelle de leur mise en oeuvre, les cibles visées doivent donner lieu à une réflexion préalable en fonction des objectifs politiques qu’on s’est fixé. Moyens et cibles doivent être le plus possible en cohérence avec les objectifs politiques généraux. La première question qu’on doit se poser par rapport à une éventuelle émeute, c’est de savoir si elle est bien utile, si elle a un intérêt politique.

N’oubliez jamais que le degré de répression que l’Etat peut mettre en oeuvre dans les rues dépend en partie de la position de l’opinion publique. L’émeute pour l’émeute et la casse indiscriminée (a fortiori accompagnée de pillages à but personnel) peuvent brouiller le sens politique d’une lutte ou d’un mouvement social, finir par lasser et braquer une partie de l’opinion publique et faciliter la mise en oeuvre par l’Etat de techniques, technologies et méthodes nouvelles et plus agressives de maintien de l’ordre.

La police a toujours le dernier mot. Elle finit TOUJOURS par récupérer le contrôle du terrain mais cela ne veut pas dire qu’elle a « gagné ». Elle peut en effet avoir été débordée, avoir subi des défaites partielles (dans telle rue à tel moment), avoir été incapable de procéder à un nombre important d’arrestations …

Passé un certain niveau d’intensité et d’ampleur, la répression policière peut aussi se retourner contre elle-même au cours des affrontements (massification de la résistance, passage en masse à l’autodéfense suite aux brutalités subies et à la colère qu’elles provoquent chez les manifestants) et après les affrontements (polémiques, commissions d’enquête, colère populaire, image et crédibilité en ruines …). La situation politique créée par l’émeute et/ou sa répression disproportionnée peut être extrêmement gênante pour le gouvernement et/ou le grand patronat et leurs forces de l’ordre. L’Etat et sa police peuvent donc garder le terrain tout en ayant subi une sévère défaite/affront politique. Le bilan qu’on tire d’une émeute doit donc avoir deux niveaux : un bilan technique, tactique et un bilan politique général.

Il faut toujours se souvenir que le véritable ennemi, ce n’est pas le flic en tant qu’individu ou la police en tant qu’institution mais le système politique, économique et social que le flic et la police défendent et symbolisent. Cela signifie que la haine anti-flic primaire est souvent aveuglante, mauvaise conseillère. Elle peut être source de comportements bestiaux irraisonnés. Elle peut ainsi servir de prétexte à un déchaînement de violence très intense de la part de la police. Elle peut également avoir des effets très contre-productifs politiquement parlant. Cela signifie aussi que chercher à changer l’ordre des choses est bien plus difficile et complexe que lancer des cailloux sur des flics, qu’un révolutionnaire peut être (mais pas nécessairement) un émeutier, qu’un émeutier n’est pas forcément un révolutionnaire et que la radicalité politique ne se mesure pas au degré de violence qu’elle met en oeuvre.

L’émeute n’est pas un jeu (même si elle comporte souvent quelques aspects ludiques, joyeux ou comiques). Il suffit de voir quelqu’un pisser le sang ou se retrouver devant un tribunal pour le comprendre.

CONSEILS DE BASE La tenue doit être fonctionnelle (adaptée à la course rapide surtout) et passe-partout. Un look discret, banal est toujours préférable. Pas de couleurs voyantes, signes distinctifs facilitant le repérage et le suivi. Le noir, le gris et la couleur « jean » sont conseillés y compris pour les petits sacs à dos. Eviter les badges et les tee-shirts politiques et d’être vêtu uniquement de noir.

Eviter les textiles facilement déchirables et surtout inflammables.

Pour se masquer le visage : bonnet, casquette, écharpe, foulard, col relevé … Passe-montagne et cagoules peuvent aussi être utilisés (mais en cas de contrôle policier préalable, ça grille plus). Si on est pris au dépourvu dans une manif qui dégénère, on peut toujours utiliser son tee-shirt pour se couvrir le visage. N’utilisez que des choses que vous êtes prêt(e)s à abandonner et que vous pouvez rapidement dissimuler ou jeter (ce qui n’est pas le cas d’un vêtement à capuche). Une fois masqué, restez le durant la durée de l’émeute (débrouillez vous pour boire, grignoter, fumer, sans découvrir sans cesse votre visage).

Les chaussures doivent être confortables et pas trop pesantes (le 100 mètres en rangers, c’est pas terrible).

Emmener avec soi une pièce d’identité, quelques dizaines de francs, un paquet de kleenex (utiles en cas de petites coupures), du chocolat, ou des morceaux de sucre en cas de grosse fringale, un briquet et une grosse bouteille d’eau (pour la soif et surtout les lacrymos). A moins d’en avoir vraiment l’utilité, éviter de trimballer son portable (et les infos que son répertoire contient).

N’emmenez que ce qui est strictement indispensable.

Avoir en tête un numéro d’avocat.

Attacher ses lunettes si on en a pour éviter de les perdre en situation de bousculade ou de chute. Les verres de contact sont à proscrire à cause des lacrymos.

L’émeute est une activité physique qui peut durer d’assez nombreuses heures. Donc, soyez correctement hydraté et alimenté.

Si vous le pouvez, allez reconnaître le terrain la veille et le dispositif policier quelques heures avant. Familiarisez vous avec le plan général du secteur.

LE MATÉRIEL

Il doit être adapté au type d’action prévu. Pas la peine d’être lourdement harnaché comme un footballeur américain si on prévoit des actions très mobiles de harcèlement. Déconseillé, au contraire, de se pointer en tenue légère, sans protections si on prévoit des chocs de masse avec les rangs de la police anti-émeute. Le matériel sera le plus souvent abandonné à la fin de l’action donc il vaut mieux prendre du matériel de récupération ou bricolé. Prévoyez ce dont vous avez besoin pour vous et votre groupe. Les autres émeutiers sont censés se démerder pour se procurer leur propre matériel. Ne vous encombrez donc pas avec de grosses quantités de matériel. S’il y a surplus de matériel, il doit être réduit et facilement dissimulable et transportable (en même temps que celui qui vous est nécessaire).

Le problème du matériel, c’est son transport. Si on le transporte directement sur soi ou dans un sac, il faut être prudent à l’approche de la manif car il peut y avoir de nombreux contrôles policiers de proximité (dans les gares, stations de métro, routes d’accès à la ville, rues qui mènent à la manif …) et dans ce cas là, vous risquez d’être arrêté et de passer au tribunal en comparution immédiate pour port d’armes prohibées (couteaux par exemple) ou par destination (tout objet pouvant servir d’arme comme un marteau, une chaîne ou un bout de bois). Eviter en tout cas d’être lourdement chargé (ce qui est suspect). Envoyer si possible des éclaireurs reconnaître les voies d’accès à la manif. Méfiez vous des possibles flics en civils. A vous d’évaluer les risques que vous prenez.

Le matériel peut aussi éventuellement être stocké à proximité du parcours de la manif ou de son lieu d’arrivée. Le stockage s’effectue en petite quantité dans des endroits discrets, cachés mais pas trop difficilement accessibles, un ou deux jours maximum à l’avance. Attention toutefois car la police peut inspecter au préalable cours d’immeubles, locaux à poubelles, haies, terrains vagues, cages d’escalier, etc. … voire y poster des flics pendant les quelques heures qui précèdent la manif (danger d’arrestation). Le matériel peut aussi être déposé chez quelqu’un de pas grillé qui habite pas loin du parcours de la manif, la plus grande dicrétion est alors de mise concernant le lieu de stockage, quand on y dépose le matériel, quand on vient le récupérer et quand on le sort dans la rue jusqu’à la manif. On peut aussi éventuellement le déposer dans le coffre d’un véhicule garé discrètement dans un garage individuel ou dans un grand parking collectif pas loin du parcours (attention aux caméras de vidéosurveillance). Les véhicules devront ensuite être rapidement dégagés de la zone. Là encore, il faut être très prudent. A vous de voir.

On peut citer comme matériel utile : .les manches en bois, barres de fer, tuyaux métalliques, gourdins : ils sont utiles pour s’attaquer à des vitrines ou des véhicules de police. De plus, la police a tendance à éviter (ou même à fuir lorsqu’elle est en infériorité numérique) les contacts prolongés avec une foule équipée de tels objets. En avoir accroît donc assez sensiblement la capacité d’action et de manoeuvre de la foule émeutière. En dessous d’une quarantaine de centimètres, ils deviennent peu utiles.

.les cadenas en U, grosses chaînes pas tros longues munies d’un gros cadenas au bout, massettes et même boules de pétanques : utiles pour les vitrines.

.les projectiles : pierres, gravats, bouts de briques, bouteilles en verre, écrous, grosses piles usagées … Les projectiles doivent être assez lourds si l’on veut qu’ils aient un impact efficace.

ATTENTION lors des jets de projectiles à ne pas toucher les manifestants. Prenez le temps de viser et de vous assurer que votre ligne de tir est dégagée. ATTENTION aussi aux ricochets de projectiles contre un mur, un véhicule ou une vitrine blindée et aux projections de verre lors de jets de bouteilles. Trop de manifestants agissent dans la précipitation et se blessent mutuellement.

.les lance-pierres : utiliser des boulons ou des billes en acier. Des petits cailloux, pas trop légers, s’il n’y a rien d’autre.

ATTENTION à bien vérifier que votre ligne de tir est dégagée. Vous devez vous trouver en première ligne pour effectuer les tirs.

.les cocktails molotov : bien contre les véhicules de police, pour incendier des banques ou pour perturber (voire stopper) une charge policière s’ils sont lancés en quantité suffisante.

ATTENTION : ils doivent être bouchés de manière complètement étanche. La tête, le cou et les mains du lanceur doivent être protégés. Il faut porter uniquement des textiles qui ne brûlent pas ou très mal. Le cocktail doit être tenu et lancé à bout de bras sans que le lanceur le fasse passer au-dessus de lui (risque de fuite d’essence enflammée). ATTENTION aussi à ne pas risquer de toucher des manifestants. Ne JAMAIS tirer de cocktails par dessus d’autres rangs de manifestants. Vous devez être en première ligne pour les lancer.

.fusées de détresse, fusées de feu d’artifice tirées à l’horizontale : bien pour harceler les flics à distance ou contre une charge.

ATTENTION à bien vérifier que votre ligne de tir est dégagée.

Vous devez être en première ligne pour effectuer vos tirs. Portez des gants et des vêtements épais qui ne craignenrt pas le feu …

.liquides inflammables divers pour allumer des feux de poubelles, incendier des banques, des véhicules, des pneus …

.canifs pour crever des pneus.

.petits pieds de biche, petites barres à mines pour produire des gravats susceptibles de servir de projectiles.

Le matériel peut aussi être de protection : casques (de moto, de scooter, de chantier … ), protection pour les avant-bras (en platique, en mousse, en gros carton rigide, en tapis de sol …), gros gants rembourrés, épaulettes artisanales en mousse ou tapis de sol, protège-tibias, chaussures coquées, coquilles, « cuirasses » en mousse, en tapis de sol (plusieurs épaisseurs) ou même avec des bouteilles plastiques, boucliers en bois ou en plexiglas montés ou non sur roulettes, masques à gaz, lunettes de ski ou de protection pour usage de lapidaires … Ce type de protection n’est vraiment utile que si des chocs frontaux de masse avec les rangs de policiers sont envisagés.

L’ACTION DE GROUPE L’action au sein d’un groupe procure des avantages assez nombreux. L’action du groupe est d’une portée supérieure à la somme des actions individuelles des personnes qui le composent suivant le principe 1+1=3.

Les membres du groupe peuvent se prêter une assistance mutuelle, se couvrir les uns les autres, se répartir les tâches.

Un groupe se créé sur une base affinitaire et donc fermée, étanche, entre des personnes qui se connaissent bien. Au cas où le groupe se retrouve dispersé suite à un mouvement de foule, il peut être utile de décider d’un cri de ralliement. Mieux vaut aussi s’interpelleer avec des surnoms.

Le groupe peut comprendre de 3 à 7-8 personnes. Au delà de ce chiffre, les problèmes de coordination inter-individuelle en situation augmentent sensiblement et il vaut mieux alors créer deux groupes distincts. Rien n’empêche de subdiviser le groupe en un certain nombre de binômes ou de trinômes plus ou moins spécialisés dans tel ou tel type d’activité si l’on en ressent le besoin. Mais, au final, l’action de groupe doit pouvoir être polyvalente même si le groupe choisit de privilégier un type d’activité (harcèlement des forces de l’ordre, attaques de banques, bombages sur les murs ou soins par exemple). Cela implique entre autres que le groupe possède un matériel diversifié.

Agir en groupe est plus sûr. Pendant que certains attaquent la police ou une banque, graffitent des murs, une autre partie du groupe peut les couvrir, assurer leur protection rapprochée et leur repli, guetter l’arrivée de flics en uniforme ou en civil, etc. …

Le fait d’agir en groupe favorise aussi l’expérimentation concrète de nouvelles idées concernant les techniques émeutières.

LE CAILLASSAGE Trouver des projectiles adaptés et en grandes quantités n’est pas forcément facile dans un milieu urbain bien entretenu. Or, plus il y a de projectiles disponibles, mieux c’est.

Il y a les projectiles que les individus et les groupes trimballent avec eux mais ils sont toujours en quantité insuffisante et ne permettent pas de tenir bien longtemps. Il faut donc en trouver d’autres : bouteilles en verre dans les conteneurs de récupération, gravats dans des bennes à déchets ou sur des chantiers, cailloux aux pieds d’arbres ou de haies … Il faut surtout pouvoir en créer en cassant des dalles en ciment, des supports de fenêtres, des ornements de façades, des bouts de trottoirs, du gros carrelage dans des porches, en dépavant une rue à l’ancienne. C’est aussi pour cela qu’il est très important d’avoir quelques massettes, barres de fer, petites barres à mine, pieds de biche disponibles dans la foule. Ces objets permettent la création assez rapide de projectiles dans des endroits où ils font cruellement défaut de prime abord.

Si les projectiles sont en quantité suffisante, il faut toujours en avoir quelques-uns en réserve dans ses poches. Prenez le temps de viser et de régler la distance de vos projectiles, cela évite de blesser accidentellement un autre manifestant et cela évite aussi de voir la majorité des projectiles s’écraser à quelques mètres des flics, ce qui constitue un gaspillage de projectiles, d’énergie et un sujet d’amusement pour la police.

Le caillasssage le plus efficace est celui qui est effectué, en groupe ou en masse, à une quinzaine de mètres (ou un peu moins des lignes de flics) car on peut alors utiliser des projectiles assez lourds et massifs. Plus le caillassage est à courte portée, intense et prolongé, effectué en masse, plus il a de chances d’être efficace.

Il est important de caillasser à hauteur de visage mais aussi, en même temps, au niveau des pieds, les flics ne pouvant pas en général couvrir les deux à la fois avec leurs boucliers. Le même type de tirs peut être utilisé si on dispose de lance-pierres. En général, seuls les 1, 2 ou 3 premiers rangs de flics disposent de boucliers, n’hésitez donc pas non plus à caillasser, si vous le pouvez, les rangs de derrière qui n’ont que leur casque pour se protéger.

ATTENTION aux risques de charge policière rapide dès que le caillassage à courte portée débute ou faiblit. S’il y a peu de lanceurs de projectiles, assurez-vous que vos arrières sont couvertes par des membres de votre groupe lorsque vous approchez des rangs de flics. Si vous agissez seul, n’approchez les rangs de flics que lorsque vous voyez quelques petits groupes ou au moins une dizaine d’individus le faire aussi car quand il y a peu de lanceurs et que vous êtes assez prêts des flics, il y a toujours le risque de se faire suivre par 2 ou 3 flics en civil, déguisés en émeutiers, de se faire saisir par derrière et rapidement traîner par eux jusqu’aux rangs de flics en uniforme. Alors, dans ce cas précis, ayez un oeil derière la tête …

LA CHARGE ÉMEUTIÈRE Il est possible parfois, lorsqu’un certain nombre de conditions sont plus ou moins réunies, de charger la police et de la faire reculer.

Par exemple, il est assez fréquent de voir 70, 80 émeutiers disposant d’un peu de matériel refluer devant une charge de 30 flics. Ce qui fait alors courir les émeutiers, ce n’est pas la supériorité numérique de la police, le manque ou l’absence de matériel, c’est simplement le manque d’expérience, l’absence d’une analyse rapide du rapport de force réel. Dans ce genre de situation, ce sont les flics qui devraient être chargé. 30 flics face à 2 ou 3 fois plus d’émeutiers équipés et accrocheurs n’ont pas d’autres solutions que de se replier et c’est alors l’occasion de les pourchasser, parfois jusqu’à leurs véhicules légers garés pas très loin, véhicules qu’ont peut alors éventuellement dégrader ou détruire.

Il est également parfois possible (même si c’est assez dur et rare) de faire reculer des dispositifs policiers plus importants. Il faut pour cela une indiscutable supériorité numérique, de la détermination, posséder des projectiles en quantité ainsi que des manches, des barres de fer et des protections individuelles. Il faut aussi en général être bien protégé contre les gaz lacrymos ou alors que le vent renvoie ces gaz vers la police ou bien encore que l’espace occupé par les émeutiers soit suffisamment ouvert et parcouru par le vent pour que le gaz n’y stagne pas de manière concentrée.

La charge est alors en général possible. Une foule émeutière n’étant pas une troupe de petits soldats obéissant immédiatement aux ordres d’un chef, cette charge s’effectue en général de manière progressive au fur et à mesure que de plus en plus de gens, puis tout le monde, se rend compte qu’il est possible de charger.

D’abord il faut que le plus possible de gens prennent le plus possible de projectiles avec eux, il faut se masser et ensuite avancer le plus près possible des rangs de flics (il est alors difficile pour eux de continuer à utiliser masssivement les gaz lacrymos surtout si on renvoie vers eux les grenades en shootant dedans). Dès que la foule est à portée de tir, il faut faire pleuvoir les projectiles le plus possible et continuer à avancer. Les manches, barres de fer, etc. … doivent être bien visibles.

Les gens avec ce type de matériel et avec des protections doivent être devant. Il faut continuer à approcher en gueulant. Les projectiles ramassés un peu avant doivent être immédiatement récupérés et relancés. Quelques cocktails molotov sont alors très utiles. Lorsque la foule réussit à approcher à vraiment une courte distance des flics, la police n’a plus que deux solutions : soit elle se barre à fond et il faut alors immédiatement la pourchasser en la lapidant, soit elle assume le contact. Dans ce dernier cas, si le contact s’établit, il faut taper avec tout ce qu’on a sous la main, filer des coups de pieds sur les boucliers, agripper les matraques et les boucliers, relever les visières, essayer d’arracher les casques, faire tomber les flics, arracher leur matériel … C’est la mêlée et il y aura plein de blessés des deux côtés. C’est justemenent parce que plein de flics peuvenet être blessés assez gravement dans ce genre de situation que la police cherche la plupart du temps à éviter tout contact direct avec une foule qui lui est supérieure en nombre, qui est équipée offensivement et qui dispose de protections individuelles. La police accepte le choc en général soit parce qu’elle est coincée et ne peut pas se replier soit parce qu’elle a ordre de défendre absolument un périmètre défini comme collectivement inviolable par le pouvoir (parlement, périmètre de sécurité d’une conférence de chefs d’Etats …). Hormis ces cas bien particuliers, la police choisira en général de reculer (pour gagner du temps) avant que les manifestants ne la collent trop, ou bien elle fera grenader massivement, sans interruption, la rue pour rendre l’air complètement irresponsable ou bien encore, elle fera intervenir en urgence des renforts et, si elle le peut, des canons à eau ou des véhicules blindés dotés de grands grillages frontaux pour repousser la foule.

OBSTACLES ET BARRICADES Il est important lors d’une émeute de mettre en place une bonne quantité d’obstacles au milieu des rues. Il s’agit de rendre la circulation et l’approche des véhicules de police difficile, lente, de diminuer ainsi la rapidité d’intervention des flics. C’est donc une question de sécurité. Même si la circulation des véhicules de police n’est pas complètement empêchée, elle est au moins assez retardée. Cela offre aux émeutiers plus de temps, des minutes de répit qui peuvent être précieuses pour organiser le repli, la défense ou la contre-attaque lorsque la police apparaît.

Si l’émeute « stationne » dans une zone, il faut encombrer toutes les rues de celles-ci d’obstacles divers. Si l’émeute est mobile, il faut en laisser derrière soi et dans les rues perpendiculaires. Concernant les rues perpendiculaires, il ne faut pas disposer les obstacles à l’entrée de la rue. Il faut remonter la rue sur 30 mètres et disposer les obstacles à ce niveau là, le but étant d’empêcher les véhicules (et les flics qu’ils transportent) d’approcher trop près, trop vite.

Les obstacles doivent être disposés de manière à ce que la rue soit bouchée aux véhicules sur toute sa largeur. Une voiture simplement mise en travers de la rue (inutile d’ailleurs de la défoncer) est suffisante si un autre véhicule ne peut la contourner en grimpant sur le trottoir. Ce genre d’obstacles doit être laissés à intervalles rapprochés, tous les 50 mètres par exemple.

Les barricades n’ont pas, quant à elles, pour but principal d’empêcher la circulation. Elles ont une fonction défensive. Elles servent à séparer les émeutiers des flics. Elles offrent une protection aux émeutiers qui peuvent s’abriter derrière (contre les tirs tendus de grenades ou les balles en caoutchouc). Elles compliquent les charges policières et rendent plus difficile le dégagement du terrain. Les vraies barricades sont assez rares. Le plus souvent, il s’agit d’ébauches grossières de barricades que la police dégage sans grandes difficultés.

Il ne faut pas chercher à construire une barricade avec une multitude de petits objets (poubelles, planches, morceaux de mobilier urbain …) ou des pavés. C’est long, pas évident et peu utile. Il vaut mieux quelques objets massifs et lourds collés les uns aux autres plutôt qu’un empilement de petites choses. Si une barricade est vraiment nécessaire, il faut utiliser les voitures. 2 ou 3 rangées de 2 ou 3 voitures (selon la largeur de la rue et les « ressources » qu’elle contient) suffisent pour constituer assez vite une bonne barricade derrière laquelle on peut s’abriter assez correctement. On peut compléter éventuellement avec de grands conteneurs de récupération.

Une bonne barricade est massive et épaisse. Sa hauteur compte peu. C’est l’épaisseur qui est importante. Si elle est suffisamment épaisse, les blindés légers ne pourront pas la disloquer.

Il peut être nécessaire, parce que la situation devient intenable, d’incendier la barricade (attention aux explosions de réservoirs !). Les flics devront alors faire venir un canon à eau ou les pompiers. De même, quelques grosses poubelles mises en ligne forment un obstacle assez médiocre mais il suffit d’y mettre le feu pour avoir un barrage efficace. Le feu bloque la police, donne le temps de se replier, d’organiser éventuellement une nouvelle barricade et créé des dégagements de fumée très importants et épais qui nuisent rapidement à la visibilité. D’où l’importance d’avoir un briquet sur soi et de disposer de quelques bouteilles de liquides inflammables dans la foule.

LA « CASSE » Les activistes doivent viser ce qui représente et symbolise le capitalisme : banques, agences d’intérim, succursales de firmes multinationales, agences immobilières, agences de grandes assurances privées (fonds de pension), etc. … qui constituent des cibles légitimes. L’incendie de ce type de cibles peut être pratiqué mais avec prudence si des habitations privées existent à l’étage. Les caméras de vidéosurveillance doivent être systématiquement attaquées. On peut s’en prendre aussi aux parcmètres.

Attaquer des petits magasins, des commerces de proximité est en général politiquement dommageable. Il est parfois nécessaire de la faire, lorsque des affrontements très massifs, durs et prolongés ont lieu afin de se ravitailler en eau, nourriture, matériel, outils, liquides inflammables mais il est alors inutile de les dévaster entièrement.

Les poubelles et grands conteneurs de récupération sont utiles comme obstacles et éléments de barricades. Le mobilier urbain peut être aussi être dégradé s’il peut servir ensuite d’obstacle (bancs, etc. … ). Les voitures, elles aussi, peuvent être mises à contribution comme obstacles ou éléments de barricades mais elles n’ont pas besoin la plupart du temps d’être détruites pour cela.

La destruction par incendie de véhicules ou de grandes poubelles et autres conteneurs utilisés comme obstacles ou barricades doit avoir lieu quand on n’a plus le choix, par nécessité, pour se couvrir face aux charges policières. D’ailleurs vaut mieux souvent laisser à la police la responsabilité de dégrader les voitures utilisées comme obstacles, ça finira par lui retomber sur la gueule. Détruire pour détruire, c’est une perte de temps et d’énergie, ça n’a pas de sens et c’est exploité politiquement et médiatiquement par nos ennemis.

D’autre part, les grandes manifs attirent souvent les bandes délinquantes qui, profitant de l’opportunité, vont s’en prendre aux magasins. Si ces bandes sont peut nombreuses et importantes et que les émeutiers ont majoritairement des motivations politiques et sont eux aussi organisés en groupes, il est possible d’empêcher les bandes délinquantes d’agir ou au moins de faire en sorte qu’elles aillent ailleurs. Si les motivations des émeutiers sont plus floues, s’ils sont peu organisés et les bandes délinquantes nombreuses, alors il vaut mieux ne pas intervenir car cela peut devenir dangereux. En effet, ces bandes délinquantes n’hésiteront pas en général à frapper durement les gens qui chercheraient à les dissuader d’attaquer telle boulangerie ou tel bureau de tabac … De même, mieux vaut ne pas intervenir contre un dispositif policier statique dans une rue où des bandes sont en train de piller, les bandes pourraient vous attaquer parce que vous risquez de provoquer une charge policière qui interromprait leur pillage.

ACTIVITÉS ANNEXES Le fait qu’elles soient « annexes » ne signifie pas qu’elles soient superflues, loin de là. Ces activités, qui sont importantes, sont diverses et des groupes peuvent choisir de s’y consacrer entièrement : .le bombage de slogans : quelques bombes de peinture et c’est parti. S’assurer que le groupe couvre les arrières.

.surveillance des arrières, des rues latérales et blocage de celles-ci par des obstacles, raids rapides dans des rues un peu moins proches et mise en plce d’autres obstacles.

.recherche et création de matériel: trouver des chantier, trier les bouteilles en verre intactes dans les conteneurs de récupération, dépavage ou dégradations pour produire des projectiles.

.observation des manifestants, repérage d’éventuels flics infiltrés et expulsion de ces derniers.

.reconnaissance du dispositif policier dans différentes rues et communication des infos recueillies et vérifiées.

.soins auprès des émeutiers : prévoir des pansements, compresses et désinfectant en cas de coupures légères, pommade Biafine pour les brûlures, eau ou sérum physiologique en quantité pour laver les yeux et rincer la bouche …

.conseils, suggestions pratiques et logistiques aux groupes de gens inexpérimentés ou trop passifs.

LA MOBILITÉ La mobilité est un facteur de sécurité; L’émeute statique est assez facile à contrôler pour la police. Les affrontements peuvent être très durs mais la situation est en général sans grande surprise et la police sait qu’elle aura le dernier mot. Elle peut encercler et isoler la foule au sein d’une zone bien délimitée. L’émeute mobile est plus dure à gérer pour elle. Les dégâts et les troubles qu’elle entraîne sont plus importants et étendus. La police peut être plus souvent ponctuellement débordée, se retrouver en situation d’infériorité. Le déplacement judicieux des forces de police peut être sérieusement compliqué par la multitude d’obstacles laissés par les émeutiers dans des dizaines de rues qui sont devenues plus ou moins impraticables. Il vaut mieux plusieurs cortèges émeutiers qu’un seul et il vaut mieux des heurts mobiles que des heurts statiques (il peut y en avoir mais il ne faut pas qu’ils s’éternisent). La gestion policière devient beaucoup plus délicate quand les troubles sont géographiquement plus étendus, mouvants et simultanés. Tout ça dépend du nombre d’émeutiers et de la topographie de la zone urbaine concernée. Quand les émeutiers sont quelques centaines, il vaut mieux qu’ils restent groupés. S’ils sont plusieurs milliers, il vaut mieux qu’ils se séparent en plusieurs cortèges. De même, moins les émeutiers sont nombreux, plus ils doivent être mobiles (à moins bien sûr que les forces de police soient vraiment peu nombreuses et surprises par l’existence de l’émeute mais, passé un certain temps, attention à l’arrivée de renforts … ). Il faut être quand même un bon paquet pour assumer des heurts statiques qui durent et il faut se rappeler que ce ne sont pas ceux qui, stratégiquement parlant gênent le plus la police.

LA DISPERSION Il arrive toujours un moment où il devient évident que l’émeute est en train de décroître en intensité et en ampleur. Il y a de plus en plus de flics et de moins en moins d’émeutiers et de gens qui font masse derrière eux. La police commence à boucler le périmètre. Dans ce cas là, mieux vaut ne pas attendre le dernier moment pour partir. En plus, en fin d’émeute, le nombre de flics en civil a tendance à s’accroître numériquement et proportionnellement et ils cherchent à identifier le maximum de gens parce qu’ils savent que le moment d’essayer de procéder à des tas d’arrestations est proche.

Si les émeutiers sont un peu dispersés, il vaut mieux se regrouper. Il faut aussi éviter d’être séparé, isolé du gros du cortège des manifestants même s’ils sont passifs. C’est le moment de mettre tout ce qui tombe sous la main au milieu de la rue et éventuellement d’allumer quelques feux. Il est préférable de se concerter avec les groupes émeutiers encore actifs et de prendre la décision de se replier rapidement et collectivement pour se couvrir mutuellement. Il faut se replier, sans traîner ni trop se disperser, en direction de zones urbaines fréquentées où il y a pas mal de rues par où filer.

Il faut se fondre dans la foule des manifestants, essayer de repérer les flics en civil, observer si vous êtes suivis.

Arrivés à proximité de la zone de dispersion, fondus dans la foule, commencez à vous débarrasser de votre matériel derrière une voiture, un panneau ou un groupe qui fait écran. Videz vos poches des petits débris de cailloux et des poussières de projectiles qu’elles contiennent inévitablement. Gardez toujours un peu d’eau pour vous laver rapidement les mains (virez la bouteille), ou si vous n’en avez plus, crachez dedans (des mains sales sont suspectes). Bougez dans ce qui reste du cortège et faites gaffe aux flics en civil. Accroupissez-vous derrière une voiture ou un groupe de gens ou bien courbez vous dans la foule tout en continuant à vous déplacer et retirez vos foulards, écharpes, cagoules, bonnets, etc. et abandonnez les ou bien planquez les vite dans vos poches déjà vidées ou vos sacs déjà ouverts … Soyez mobiles dans ce qui reste de la foule. Et quand vous le sentez, prenez une rue dégagée ou suivez jusqu’au prochain carrefour un groupe qui quitte la manif … Tentez votre chance. Il risque d’y avoir des contrôles alors tracez le plus loin possible et ouvrez l’oeil. N’ayez plus aucun matériel sur vous et évitez de garder des cagoules ou des passemontagnes.

C’est beaucoup moins justifiable que la possession d’une mauvaise écharpe ou d’un vulgaire foulard.

Agir en groupe est une nouvelle fois un facteur de sécurité supplémentaire. Les gens se couvrent les uns les autres et repèrent plus facilement des civils qui viennent rôder. Le groupe peut faire écran et dissimuler à la vue l’abandon du matériel. Derrière le groupe ou une voiture, à l’abri d’un porche, etc. … les membres peuvent échanger leurs blousons préalablement vidés de tout matériel et effets personnels afin de compliquer le travail policier d’identification, de filature et d’arrestation. Le groupe divisé par binômes peut se disperser progressivement ou bien quitter ce qui reste du cortège collectivement mais pas ensemble : il faut marcher à vue les uns des autres à plusieurs dizaines de mètres de distance et pas tous sur le même trottoir. Puis, assez vite, la dispersion est définitive et chacun rejoint seul ou en binôme, dans un laps de temps déterminé à l’avance, un lieu de rendez-vous éloigné afin de s’assurer que personne du groupe n’a finalement été embarqué et pour tirer un premier bilan de l’action.

SURVOL DES TECHNIQUES POLICIÈRES

TÉLÉSURVEILLANCE ET FICHAGE Caméras de surveillance, appareils photos et camescopes dotés de zooms puissants, hélicos avec caméras infrarouges pour les grosses manifs : les flics aiment bien avoir nos têtes dans leurs fichiers.

Ces prises d’images s’effectuent au loin, à partir de points dominants, d’appartements, cages d’escaliers situés près du parcours des manifs.

D’où l’importance d’être vêtu discrétement et masqué en permanence pendant l’action et même quand on fume une clope.

Les images prises (et traitées par informatique) servent à l’inculpation éventuelle d’émeutiers interpellés pendant ou après les faits et à la constitution de banques de données sur les radicaux.

LES CONTRÔLES DE PROXIMITÉ Inspection des arrière-cours, des parcs, des haies, des parkings, des poubelles, chantiers et terrains vagues : quand les flics savent que ça va dégénérer, ils cherchent les dépôts de matériel. Les zones « sensibles » sont quadrillées et inspectées des heures et des heures à l’avance y compris par des civils qui se « baladent ». Méfiez vous des gares SNCF et RER situées près de la manif, pareil pour les stations de métro et arrêts de bus proches. Dans les villes de province, en cas de grosses manifs, des contrôles peuvent avoir lieu sur les routes d’accès à l’agglomération.

L’INFILTRATION Toutes les manifs un peu importantes sont infiltrées par des flics en civil et autres membres des Renseignements Généraux. Objectifs : recenser les organisations participantes et le nombre de gens qu’elles agglomèrent, noter les slogans criés et écrits, récupérer les tracts, repérer des émeutiers potentiels, estimer leur nombre et leur matériel, écouter les conversations ou les disputes, poser des questions avec un air naïf, prendre des photos, etc. …

Les groupes de manifestants « suspects » les intéressent plus particulièrement. Ils les suivent et indiquent leurs mouvements, cherchent à identifier des meneurs, des gens qui donnent des consignes, à faire des photos. Soit ils photographient les gens avec de petits appareils, d’assez près, à la sauvette, discrètement ou par surprise avant de se tirer vite fait dans la foule et de changer de secteur, soit il y a un flic en civil avec un appareil équipé d’un bon téléobjectif à plusieurs dizaines de mètres en surplomb et un autre flic en civil qui se ballade au milieu des gens en s’arrêtant près de ceux qu’il faut photographier et en les désignant précisément en faisant un geste convenu (tripoter un journal, porter sa cigarette à ses lèvres …).

Les flics en civil ne sont pas toujours facilement repérables. Méfiez vous des petits groupes de gens à la trentaine bien tapée, à l’allure sportive et aux blousons amples où on peut ranger plein de choses.

Mais les flics en civil, ça peut-être aussi ce jeune couple qui se tient la main (en ayant des tracts dans l’autre) en regardant d’un air étonné les incidents, ces quelques types à l’air un peu excités qui en rajoutent, encouragent et aident les gens à construire une ébauche de barricade, ce couple de touristes quadragénaires en short qui parlent anglais (presque) sans accent, ces quelques types cagoulés qui « cassent » une vitrine ou une voiture déjà détruite …

Il faut bien observer les gens (à différents moments), leurs attitudes, si leurs blousons ont l’air gonflés par différents objets, s’ils prennent des photos, téléphonent régulièrement. Les flics font ça en petits groupes qui se couvrent mutuellement alors attention à vos arrières si vous commencez à brancher des gens parce que vous pensez qu’ils sont flics. Des collègues à eux peuvent surgir dans votre dos. Avec les flics en civil, pas de parano mais soyez avertis, vigilants et cultivez votre sens de l’observation.

LE GRENADAGE : La police a tendance à utiliser copieusement les grenades lacrymos pour faire refluer les foules ou leur barrer le passage, leur interdire l’approche. La portée de ces grenades peut être de plusieurs centaines de mètres, c’est dire s’il est parfois difficile d’aller au contact des flics pour les harceler.

Il existe des grenades lacrymos en un seul bloc et d’autres qui éclatent en éventail en lbérant une dizaine de pastilles qui diffusent elles aussi de la lacrymo.

Contre la lacrymo, protégez vous bien les voies respiratoires et les yeux, éloignez vous des gaz, laissez vos yeux pleurer, ne les frottez jamais (l’effet est pire), aérez-vous, crachez, expulsez la morve de votre nez, ayez une bouteille d’eau et faites en couler un peu sur vos yeux (vous pouvez utiliser aussi du sérum physiologique pour les yeux), vos narines, vos lèvres et rincez aussi votre bouche. L’effet de la lacrymo est variable selon les personnes, leur habitude de la chose, suivant que la lacrymo est plus ou moins concentrée là où l’on est, la durée d’exposition, s’il y a du vent …

Vous pouvez renvoyer les grenades lacrymos vers les flics en shootant dedans (ayez des chaussures de sécurité), les recouvrir avec ce qui vous tombe sur la main, les pousser du bout du pied vers une bouche d’égoût.

Dans certains cas, les flics anti-émeute (CRS ou gendarmes mobiles) peuvent utiliser des grenades offensives qui éclatent en libérant une forte onde de choc et un bruit assourdissant. Ne cherchez jamais à renvoyer ce type de grenade ni à la main ni au pied. Vous pourriez perdre votre membre. Evitez aussi de vous retrouver dans un espace réduit, confiné, clos, l’onde de choc de ces grenades peut en effet provoquer des lésions graves (voire mortelles) des organes internes.

Attention également aux tirs tendus à hauteur de torse ou de visage (théoriquement interdits, parfois pratiqués), ils peuvent provoquer des blessures sérieuses. Dans le cas où ils sont fréquents, ébauchez une barricade de protection avec ce qui vous tombe sous la main ou abritez vous derrière des arbres, du mobilier urbain ou des voitures pour lancer vos projectiles.

LES CHARGES POLICIÈRES Sachez d’abord que les flics jouent sur les apparences. Ils sont nombreux, ils ressemblent à robocop, on voit pas leur gueule, ils ont des poses martiales, ils font du bruit avec leurs matraques sur leurs boucliers, ils chargent en masse en gueulant. A travers ça, c’est aussi un impact psychologique qu’ils recherchent : créer la peur et faire détaler.

Sachez ensuite que les flics sont assez lourdement équipés (grosses rangers, casques, boucliers, coquilles protectrices pour les testicules, gros protège-tibias, masque à gaz qui gêne la respiration, la ceinture avec leur arme, munitions, menottes, etc. …), ils chargent donc rarement très vite et très longtemps. La plupart des charges sont de 50 mètres MAXIMUM, souvent moins. En plus ils s’attendent. Ceux qui courent plus vite ralentissent car ils ont peur de se retrouver trop à l’avant, un peu isolés.

On voit souvent des foules inexpérimentées reculer des 50 mètres alors que les flics ont avancé de 20 mètres. En cas de charge, à moins que les flics soient très près de vous, prenez le temps de jeter un oeil en arrière, calquez votre vitesse sur la leur et dès que vous les voyez s’arrêter, faites pareil et dites aux gens que c’est plus la peine de courir et recommencez directement à harceler les flics qui reforment leur ligne.

La charge est une action offensive qui vise à dégager une foule hostile, à la faire refluer. La neutralisation des manifestants hostiles, par blessure ou arrestations, n’est pas, la plupart du temps, l’objectif prioritaire (cette neutralisation nécessiterait un contact direct et prolongé avec des masses de gens et c’est dangereux) même si il y a souvent quelques arrestations et tabassages, numériquement peu important en général.

C’est souvent en fin d’émeute (ou bien avant qu’elle ait débuté quand il y a encore peu d’émeutiers potentiels rassemblés) ou lorsque la police est en nette supériorité numérique et qu’il n’y a pas de foule où un groupe réduit puisse se replier, qu’il peut y avoir des charges assez rapides et prolongées dont le but est de faire le maximum d’arrestations violentes. Ces charges particulières sont parfois menées par des flics en tenue allégée, voire, à l’occasion par des dizaines d’inspecteurs des Brigades Anti-Criminalité en civil. Elles sont parfois menées aussi simultanément, en provenance de plusieurs directions à la fois et ont un aspect « ratissage de fin d’émeute ».

Il est très rare de pouvoir briser une charge policière importante. Il faut des gens très déterminés, organisés, nombreux, entraînés, équipés (c’est à dire en fait un Service d’Ordre très expérimenté et hiérarchiquement encadré et pas un assemblage informel et ponctuel de petits groupes indépendants), des tas de cocktails molotov et de projectiles ou une grosse barricade très bien défendue.

LES « SAISIES » DANS LA FOULE Il existe, au sein de chaque compagnie anti-émeute, un groupe spécialement entraîné à la saisie de personnes dans la foule. Lorsque la foule s’échauffe face à des rangs de police anit-émeute, les flics observent et cherchent à repérer les manifestants les plus énervés, ceux qui ont du matériel, qui lancent des slogans ou des projectiles, donnent des consignes, coordonnent l’action d’un ou plusieurs groupes. Une fois ces manifestants repérés, le chef d’unité peut éventuellement prendre la décision d’en appréhender quelques uns. Si la foule est au contact ou à quelques mètres des rangs policiers, si elle est peu équipée et assez indécise, la saisie est possible. Dès que la personne visée va se trouver immobile au premier, deuxième voire au troisième rang, un groupe de policiers, bien protégés par leurs boucliers et suivis par quelques autres équipés plus légèrement, va bondir de quelques mètres. Le groupe policier va s’ouvrir un passage jusqu’à la personne visée, les flics équipés légèrement vont attraper la cible, ceux avec des boucliers vont couvrir leurs collègues et le groupe va immédiatement se replier vers les rans policiers qui ébauchent une charge de quelques mètres pour paniquer la foule et faciliter le retour du groupe chargé de la saisie. Le « meneur », « l’agitateur » est ainsi arrêté. Donc, si vous cherchez à faire monter la tension, faites le en petits groupes équipés qui s’épaulent les uns les autres, soyez sans cesse mobiles et évitez soigneusement les premiers rangs.

LES VÉHICULES La police a plusieurs types de véhicules qui peuvent être utilisés en situation d’émeutes. Elle peut organiser des barrages en positionnant un car en travers d’une rue, mais c’est assez rare parce que ça expose les véhicules à des dégradations. Ils peuvent aussi bloquer une rue en garant plusieurs cars ou fourgonnettes cote à cote, de face. L’avant des véhicules est alors protégé par des grilles soit sur les vitres (avant et latérales) et devant le moteur, soit carrément en ajoutant une grille verticale qui couvre l’ensemble du devant du véhicule, tant en hauteur qu’en largeur. Quand ils sont cote à cote, des véhicules ainsi équipés peuvent aisément repousser une foule indécise ou même échauffée mais sans grand matériel, quitte à tirer en plus quelques lacrymos.

La gendarmerie mobile (ministère de la défense) dispose également de véhicules blindés légers à roues (type transport de troupe ou véhicules de reconnaissance militaire). Ces véhicules blindés sont destinés à enfoncer les barricades. On peut les arrêter avec des barricades très massives et épaisses et en utilisant des tas de cocktails molotov (viser les roues, c’est les seules parties inflammables).

Il y a enfin les canons à eau qui envoient un ou deux jets dirigeables de très forte pression (suffisante pour faire tomber les gens ou briser des vitres de véhicules) à une distance de plusieurs dizaines de mètres. Des barricades peuvent les arrêter ainsi que des jets mùassifs de cocktails molotov. Rien n’empêche alors la police d’utiliser de manière combinée véhicules blindés antibarricades et canons à eau anti-foule. De même, la police peut coupler deux canons à eau, le premier asperge la foule, le second qui suit, étant chargé d’éteindre les jets de molotov sur le premier.

L’usage des canons à eau peut être très efficace : se retrouver trempé en plein hiver pousse évidemment les gens à rentrer chez eux. De plus, le fait d’être trempé indique que l’on a participé à la manifestation (pratique pour le ratissage, les contrôles et les interpellations). Certains pays ont ajouté dans l’eau des colorants puissants (qui partaient mal au lavage) afin de procéder à un marquage des manifestants, marquage visible durant quelques jours.

L’USAGE DES ARMES À FEU Les policiers anti-émeutes sont dotés d’une arme de poing. L’utilisation de cette arme est encadrée légalement. Les flics ne sont pas censés (théoriquement … ) pouvoir faire n’importe quoi avec. Ils sont autorisés à en faire usage en situation de « légitime défense », c’est à dire lorsqu’un policier ou un groupe de policiers se retrouve coupé du gros de leur dispositif et encerclé de manifestants qui les attaquent et s’apprêtent manifestement à les lyncher dans les secondes qui suivent. Les policiers sont alors autorisés à faire usage de leurs armes. Les sommations et des tirs en l’air sont recommandés mais absolument pas indispensables. Les policiers peuvent alors tirer pour tuer afin de se protéger ou pour protéger un de leur collègue dont la vie est menacée. Le tir est censé s’effectuer sur le ou les agresseurs les plus dangereux à ce moment là.

La police évite généralement de bloquer sans repli possible une foule parce qu’une foule prise au piège peut devenir très dangereuse. De même, un groupe de policiers encerclés peut devenir mortellement dangereux. Si ça se produit, chacun(e) doit savoir jusqu’où aller. Si le groupe policier est complètement débordé et commence à compter des blessés assez sérieux, si le contact direct est établi entre eux et des manifestants équipés, alors la situation peut très vite dégénérer. Il est alors préférable, si c’est possible de dégager une voie de repli pour les flics en sachant que le but n’est pas de les lyncher bestialement jusqu’à ce que mort s’en suive mais de les blesser de telle manière qu’ils soient retirés du dispositif anti-émeute. Si un flic sort son arme, ne tentez rien et reculez. Si ça tire, abritez vous si vous le pouvez.

CHIENS ET CHEVAUX Ils sont parfois utilisés dans certains pays (seulement les chiens en France, surtout apparemment en situation de retissage de fin d’émeute). Plusieurs pays européens y ont par contre recours en situation de maintien de l’ordre : caillassage, tirs de boulons au lance-pierre, coups de manche ou de barre … Tout est bon.

Les charges à cheval sont utilisés pour disperser les foules émeutières dans plusieurs pays européens : jets et tirs de projectiles, poivre dans les naseaux, poignées de billes jetées sous les sabots pour les faire chuter, molotov, allumages de feux, gros nylon très résistant tendu à hauteur de poitrail au milieu de la rue, entre des panneaux, des arbres ou des réverbères.

Une technique non violente d’arrêt des charges à cheval semble fonctionner : faire la chaîne et s’allonger. Il semble que les chevaux refusent instinctivement de s’engager sur le tapis huamin ainsi constitué.

LE RATISSAGE DE FIN D’ÉMEUTE La fin d’émeute est pour la police le meilleur moment pour réaliser des arrestations musclées en nombre. Elle cherche alors à boucler le périmètre des troubles. C’est un moment qui peut être dangereux pour les émeutiers. La police ratisse nerveusement les abords des lieux d’affrontement et resserre de plus en plus son étreinte sur ceux qui veulent encore en découdre alors qu’ils feraient mieux de se barrer. De plus en plus de flics en civil se mêlent aux derniers émeutiers et on ne peut plus se fier à grand monde. Un peu plus loin ce qui reste de la foule de manifestants pacifiques peut se barrer par une ou plusieurs petites rues laissées libres à cet effet ou par une grande avenue dont les rues latérales sont bloquées par des barrages. Les rues de dégagement peuvent être libres mais elles peuvent aussi comporter des barrages policiers de filtrage plus ou moins serrés. Sur plusieurs lignes successives distantes de quelques dizaines de mètres tout au plus, plusieurs paquets de flics occupent statiquement la largeur de la rue. Les manifestants peuvent passer par les trottoirs ou entre ces groupes. Les civils tournent et cherchent à identifier des gens qui ont participé aux violences pour les interpeller.

Il faut donc éviter de trop s’attarder quand l’émeute commence à s’éteindre et éviter absolument d’être coupé du reste de la foule qui ne participe pas directement aux incidents (pour pouvoir s’y mêler au moment de passer les barrages de filtrage). Si possible, les groupes émeutiers encore actifs doivent rompre l’engagement de manière collective, simultanée et rapide avant qu’il ne soit trop tard et se perdre dans ce qu’il reste de la foule des manifestants.

Initiez vous aux bases du secourisme.

Renseignez vous sur vos droits en cas d’arrestation (des livres et brochures existent là dessus).

En cas d’interpellation, n’avouez jamais rien. Attendez toujours de voir votre avocat.

Voilà.

Bonne chance …

PROCHAINEMENT DANS LA COLLECTION « NATURE ET ÉPANOUISSEMENT » LES BIENFAITS NATURELS DU MIEL