On entend se multiplier commentaires et points de vue revendiquant une vraie et franche différence entre la droite et la gauche, à l’exitence de deux camps bien marqués que tout devrait opposer. Et ces prises de position se font de plus en plus assourdissantes à mesure que Bayrou se maintient à un haut niveau d’intentions de votes et que les inconnues demeurent fortes sur le scrutin.

Mais le doute s’est installé. Alors dans la campagne du PS mais pas seulement on se revendique haut et fort de la « vraie gauche » à mesure que les arguments de fond (et les « lapsus ») se droitisent : ordre moral, drapeaux français, marseillaise, armée pour encadrer les jeunes trop remuants, contrat première chance, etc…

Au fait, la vraie gauche, c’est quoi ???
Peut-être du coté de Besancenot, Buffet et Bové…Mais ce n’est plus une évidence qui s’impose à tous comme c’était encore le cas il y a 10 ou 15 ans.
A part dans les milieux militants (qui ne représentent qu’eux-mêmes même s’ils sont des milliers : attention aux illusions d’optique !), cette différence supposée, moi je ne la vois pas. Et de plus en plus de gens non plus. Il suffit de discuter avec ses collègues, ses voisins, dans sa famille…

Quelle différence entre le PS (social-libéralisme) et Bayrou (libéralisme social) ?? Ou comme on dit à sciences po, entre le centre-droit et le centre-gauche ?

Quant à l’abstention, elle n’a aucune signification politique.
Et dire que Le Pen, Sarko, Bayrou Ségo and co etc..jusqu’à Laguiller c’est du pareil au même c’est se foutre du monde, non ? Il y a toujours quelqu’un dont on se sent le plus proche ou le moins éloigné.
Et même, entre le pire et le moins pire, il y a toujours une différence, même si ça fait mal au bide de (se) le dire. Et devoir choisir entre deux maux, cela renvoie à une question de rapport de forces (et dans ce cas à, une rapport défavorable) et pas une une question de « pureté » et/ou de « conscience » individuelle confrontée avec elle-même. Rapport de forces tellement défavorable qui peut génèrer un niveau de confusion politique extraordinaire dont le plus bel exemple est 2002 où des dizaines de milliers de personnes ont cru à l’imminence du fascisme et sont allées voter Chirac, alors même que LePen avait fait le même nombre de voix qu’en 1995 !

Moi une fois de plus je ne voterai pas pour un PS de plus en plus droitier, cocardier, blairiste, moraliste, militariste… La seule fois où j’ai voté PS de ma vie, c’était en 1981 : il y avait des prisonniers et des insoumis dont l’amnistie et la liberté dépendait de ce résultat électoral-là.

Je ne voterai pas Ségo et j’espère qu’on sera nombreux dans ce cas.
Et tant pis si c’est Bayrou qui lui passe devant, au moins on sera sûr que Sarko ne passera pas au second tour !

Je suis plutôt anar, pas du tout LCR mais je voterai Besancenot parce que c’est le seul un peu audible en ce moment et qui dit clairement qu’il n’ira pas à la soupe gouvernementale de gôche. Et ça c’est pas rien.
Ainsi, il est possible de voter pour celui/celle le moins éloigné de ces idées tout en se donnant les moyens de battre Sarkozy.

Allons plus loin.
Et si Bayrou est élu, le danger Sarko-LePen est écarté et le PS explose et/ou se ralie.
Il sera cuit comme parti « de gouvernement » car ce sera la deuxième fois qu’il aura été absent du second tour.
Il se ralie tout ou partie dans une alliance avec l’UDF.
Avec au bout du chemin, la création d’un pôle type « parti démocrate » à l’américaine. Parce qu’il y a des forces dans le PS mais aussi ailleurs (CFDT, hauts fonctionnaires…) qui ont cette visée. Et ils seront en position de force pour la faire valoir.

Les vrais enjeux de cette élections sont bien une reconfiguration et une clarification du paysage politique institutionnel.

Reconfiguration autour de deux grands partis (conservateur et démocrate) qui accelerera la décomposition de ce qui reste culturellement de « gauche de gouvernement » (Verts, PC, socialistes « canal historique »….) et ne sera pas sans conséquences sur les espaces politiques (y compris les espaces d’autonomie politique) qui pourront ou non alors s’ouvrir à ceux/celles qui veulent inscrire leur combat dans une politique extra-parlementaire, non institutionnelle, non partidaire, anti-capitaliste.

Le débat est ouvert.