Solidarité avec la lutte des prolétaires
et des masses de Guinée !

La Guinée – Conakry est un petit pays ouest-africain de presque 10 millions d’habitants, l’un des pays les plus pauvres de la planète, en dépit de sa richesse minière: diamants, or, fer, uranium, etc., et surtout bauxite dont il est le 2e producteur mondial et qui assure 90% de ses recettes d’exportation. La production de minerais est entre les mains de grandes firmes étrangères, tandis que l’impérialisme français reste le premier fournisseur du pays. Alors que la majorité de la population guinéenne vit dans la misère, bourgeois locaux et étrangers et multinationales s’enrichissent, protégées par le régime du général Lansana Conté (ancien militaire de l’armée coloniale française arrivé au pouvoir après un coup d’Etat en 1984) contre le mécontentement grandissant.
En novembre 2005 les syndicats avaient organisé 48 heures de grève générale pour demander une hausse des salaires et des pensions, l’instauration d’un salaire minimum, etc. En 2006 une deuxième grève générale en mars était suivie d’une grève de enseignants en mai, puis d’une nouvelle grève générale en juin qui dura 9 jours avant d’être brisée par la répression (plusieurs dizaines de morts).
En réaction aux hausses des prix des produits de première nécessité les syndicats lançaient le 10 janvier 2007 un nouveau mot d’ordre de grève générale illimitée. Au bout de 18 jours de grève marqués par une répression qui a fait plus de 60 morts et des centaines de blessés, les négociations entre le gouvernement et les syndicats arrivaient à leur conclusion; bien que les grévistes et les manifestants demandaient le départ de Lansana Conté et de son clan, le 27 janvier l’Intersyndicale décrétait la fin de la grève, contre, entre autres, la promesse de la nomination d’un premier ministre. Pour faire reprendre le travail et faire passer cette solution soufflée par les milieux impérialistes pour une «victoire du peuple», les dirigeants syndicaux ont expliqué que le futur premier ministre disposerait de la réalité du pouvoir et que le sinistre clan Conté, ses affairistes et ses tueurs, seraient ainsi effectivement mis dans l’incapacité de nuire.
Cependant devant le retard de la nomination du premier ministre ainsi que le non respect du paiement intégral des jours de grève et d’autres clauses de l’accord du 27/1, les syndicats menaçaient le 2 février de déclencher une nouvelle grève générale à partir du lundi 12.
Le régime a mis à profit le délai laissé par les chefs syndicaux; au lieu de les contacter comme ceux-ci l’espéraient pour négocier, vendredi 9 février Lansana Conté a nommé comme premier ministre l’un de ses proches: Eugène Camara. Ce capitaliste, dirigeant de plusieurs entreprises, ancien ministre de l’économie et en tant que tel responsable de la situation désastreuse des travailleurs et des masses, avait été promu pendant la grève au poste de ministre coordinateur des actions gouvernementales (en remplacement de Fodé Bangoura, haï pour sa responsabilité dans les massacres de juin 2006), c’est-à-dire premier ministre de fait: autant dire que les accords du 27 ne valaient même pas le papier sur lesquels ils ont été signés…

Cette décision a immédiatement entraîné des manifestations spontanées: dès vendredi soir dans le quartier populaire Hamdallaye de la capitale Conakry des jeunes ont commencé à manifester. Samedi matin à Conakry le cortège présidentiel à été caillassé par les élèves du lycée Matam (la vitre de la voiture de Conté a été cassée, l’obligeant à changer de véhicule): la garde présidentielle a tiré sur les jeunes, faisant 2 morts. Dans la deuxième ville du pays, Kankan, où les manifestations ont commencé vendredi, un militaire qui avait tiré sur les manifestants en faisant 4 blessés, a été tué par ceux-ci. Des manifestations et des affrontements sont signalés dans diverses localités: Coyah, Maferinya, Boké, Dalaba, Labé, Pita (2 villes où les bureaux des préfets ont été brûlés), Siguiri (où l’Hôtel du ministre de l’économie a été incendié et où les manifestants ont tenté de prendre d’assaut la prison pour libérer les personnes arêtées), N’zérékoré, etc. Dimanche les manifestants ont attaqué les immeubles et villas appartenant aux ministres (y compris au nouveau premier ministre). La répression aurait déjà fait de nombreux morts et blessés.
Alors que la capitale était paralysée en beaucoup d’endroits par des barricades, les blindés de l’armée ont pris position dimanche matin aux carrefours stratégiques;, après que le régime ait décidé d’augmenter les grades de tous les soldats (c’est-à-dire leur solde !) ; d’autre part des centaines de combattants libériens auraient été concentrés dans la banlieue de Conakry pour prêter main-forte au régime. Aujourd’hui entre en vigueur le mot d’ordre de grève générale illimitée de l’Intersyndicale qui a repris la demande de démission de Conté et de son gouvernement.

Le sanglant régime est donc bien décidé à ne renoncer à aucun de ses privilèges; il l’avait déjà démontré en réprimant la grève générale de juin 2006 et lors de la grève de janvier de cette année en déchaînant l’armée, la police et des escadrons de la mort ethniques. Fort du soutien de l’impérialisme, français, américain et autre qui l’appuie depuis toujours, il a choisi de se maintenir par la force, par la violence.
Mais les masses et les prolétaires de Guinée ont démontré leur combativité en luttant contre la misère, l’exploitation et la répression, et ils ont démontré leur force en arrêtant l’activité économique du pays (y compris l’extraction de bauxite). Ils viennent spontanément de reprendre la lutte, sans attendre les consignes des chefs syndicaux, ni celles des politiciens de l’opposition qui ne cherchent qu’à passer des compromis avec la bourgeoisie et l’impérialisme et qui n’ont rien trouvé de mieux que de condamner dimanche dans des communiqués… le « vandalisme » des manifestants !

Les prolétaires d’ici ne peuvent rester indifférents au sort de leurs frères de classe: ils doivent être solidaires du combat actuel des prolétaires et des masses guinéennes contre le régime assassin et plus généralement contre le capitalisme et l’impérialisme. Pour ne pas rester un vain mot, la solidarité doit prendre la forme de la lutte contre le gendarme n°1 de l’Afrique: l’impérialisme français qui non seulement ne fait pas un geste pour freiner la répression, mais est en fait le soutien le plus solide du régime de Conté à qui il fournit des armes et des conseillers militaires. Dans la dernière période l’Etat français qui dispose en Afrique de plusieurs bases militaires et de milliers de soldats, a multiplié les interventions militaires (Congo, Tchad, Centrafrique, outre la Côte d’Ivoire) pour sauvegarder les intérêts capitalistes – avec l’approbation tacite de tous les grands partis politiques; il peut d’un jour à l’autre y recourir en Guinée : des discussions ont lieu pour un éventuel rapatriement des éatrngers qui pourrait être le prétexte à l’envoi de troupes.

SOLIDARITE DE CLASSE AVEC LA LUTTE DES PROLETAIRES
ET DES MASSES GUINEENNES !
RETRAIT DE TOUS LES SOLDATS FRANCAIS D’AFRIQUE !
VIVE LA LUTTE PROLETARIENNE INTERNATIONALE !

12 février 2007 Parti Communiste International

correspondance:
Editions Programme 3 rue Basse Combalot 69007 LYON