Manifestations amazighes dans plusieurs villes et villages du Grand Tafilalt (Sud-Est du Maroc).
Nous venons d’apprendre de sources sûres que des manifestations ont été organisées jeudi 28 et vendredi 29 décembre dans plusieurs villes et villages du Grand Tafilalt (Tamazgha Occidentale) pour revendiquer l’officialisation de la langue amazighe et le droit à une vie digne.
Ainsi, plus de 200 étudiants amazighs ont battu vendredi le pavé à Tinghir pour dénoncer la marginalisation que subit la région depuis la mise en place des Etats arabo-musulmans actuellement installés à Tamazgha Occidentale. L’accès aux artères principales de la ville de Tinghir a été bloqué par les forces policières de l’Etat marocain qui auraient dressé un barrage pour tenter de ralentir l’avancée des manifestants, a-t-on appris de mêmes sources.
Des manifestations similaires ont été organisées dans les rues de Boumal n Dadès (50 km de Tinghir) et Tighrmet n Imgoun (100 km de Tinghir). Msemrir, un village niché dans la montagne à plus de 70 km de Tinghir, a connu les mêmes événements. Le village de Tazarin a vu sa population se joindre à ce mouvement de protestation.
Les manifestants réclament le respect de l’identité amazighe et dénoncent la marginalisation politique, économique et culturelle de la région. Ces manifestations ont été marquées par la participation de toutes les couches de la population qui ont adhéré aux marches et aux revendications des organisateurs.
Les manifestations sec poursuivent aujourd’hui, samedi 30 décembre, dans les rues de plusieurs villages dont Bumal, Tinghir, Lkhmis et Klaa n Imgun. Le mouvement des étudiants appuyés par la population aurait causé l’interruption de la circulation automobile pendant plusieurs heures.
La coordination Aït Ghighouch-section Tinghir qui est l’instigatrice de ces manifestations a rendu publique une plate-forme de revendications soumises aux autorités locales. Dans ce que la coordination appelle « Le cahier revendicatif », 14 revendications ont été exprimées. Parmi elles, notamment, l’officialisation de la langue amazighe dans une constitution démocratique, dans la forme comme dans le fond. La politique d’arabisation de l’Etat marocain a été dénoncée ainsi que l’embargo économique que fait subir la monarchie à la région du Grand Tafilalt.
Nous avons appris également que des organisateurs des manifestations ont été reçus par le Wali (préfet) de Ouarzazate qui les a invité au dialogue aujourd’hui. Les autorités marocaines semblent vouloir « négocier » et s’intéresser aux revendications des manifestants.
Par ailleurs, l’association Taymat (Melaab) appelle à une manifestation lundi 1er janvier 2007.
La Rédaction Paris, le samedi 30 décembre 2006.

Le mouvement né des manifestations ayant eu lieu ces derniers jours dans des villes et villages du Grand Tafilalt a rendu publique une série de revendications soumises aux autorités marocaines. Ces dernières, par la voie de leur préfet à Ouarzazate, a tenu à rencontrer des animateurs du Mouvement.
Nous publions ci-après, « Le cahier revendicatif » de la coordination Aït Ghighouch, section de Tinghir…

Coordination Aït Ghighouch – section de Tinghir

CAHIER REVENDICATIF

Indemnisation immédiate pour toutes les victimes des inondations,

Accord de qualité de martyr à toutes les victimes des inondations,

Gratuité des transports pour tous les étudiants poursuivant leurs études hors de la région,

Accord de bourses pour tous les bacheliers,

Droit au travail pour tous les diplômés chômeurs et accord d’allocations de chômage dans la perspective de trouver un travail correspondant aux diplômes obtenus,

Levée de l’embargo économique sur le sud-est en mettant en place les infrastructures, notamment le réseau routier, des hôpitaux…

Gratuité des soins, de l’électricité et de l’eau potable pour les tous les habitants de la région,

Officialisation de la langue amazighe dans une constitution démocratique, dans la forme comme dans le fond,

Arrêt de tous les agissements illégaux des représentants de l’Etat dans la région,

Arrêt de la politique de l’arabisation des toponymes et de celle de l’interdiction des prénoms amazighes,

Consécration des anniversaires des deux batailles de Bougafer et de Baddou ainsi que du Nouvel An amazighe (13 janvier) en tant que fêtes nationales et officielles,

Réhabilitation des symboles de la résistance armée dans la région,

Equipement des établissements publics (écoles, hôpitaux…)

Construction d’espaces culturels dans la région (Maisons des Jeunes, bibliothèques…)

Tudert i Tmazight