A l’heure où Augusto Pinochet disparaît, le CADTM regrette que ce dictateur responsable de crimes contre l’humanité et de corruption n’ait jamais été contraint de rendre des comptes pour les assassinats commis sous la dictature qu’il a instaurée. L’impunité dont il a bénéficié jusqu’à sa mort, tout comme celle dont profite aujourd’hui encore le dictateur indonésien Suharto, révèle de graves dysfonctionnements dans la façon dont le droit international est rendu.

Le CADTM tient à rappeler que le régime de Pinochet n’a pu se mettre en place en 1973 et durer pendant 17 longues années de souffrances pour le peuple chilien sans un soutien international scandaleux. Dans ce cadre, la Banque mondiale a été l’un des acteurs centraux au service de la politique extérieure du gouvernement des Etats-Unis.

Le Chili a été dans les années 1970 un laboratoire pour les économistes de l’école de Chicago, qui ont pu y tester des politiques ultralibérales qu’ils parviendront à étendre à la majeure partie de la planète par l’intermédiaire du mécanisme de la dette.

Le CADTM rappelle que le gouvernement progressiste et démocratiquement élu de Salvador Allende (1970-1973) n’a pas reçu le moindre prêt de la Banque mondiale, mais sitôt le coup d’Etat qui a porté Pinochet au pouvoir, les fonds ont commencé à arriver. Aucun dirigeant de la Banque mondiale et du FMI ne pouvait ignorer le caractère profondément criminel de ce régime.

Dès 1976, un haut responsable de la Banque mondiale, Mahbub ul Haq, rédige une note intitulée « Les erreurs de la Banque mondiale au Chili », où il essaie, sans succès, de convaincre la direction de la Banque mondiale de suspendre les prêts au régime de Pinochet qu’il accuse de « restaurer une société économiquement élitiste instable » et dont la politique « a aggravé l’inégalité de distribution de revenu dans le pays ».

Les programmes imposés par les Etats-Unis, la Banque mondiale et le FMI, au Chili comme ailleurs, ont provoqué des souffrances humaines indicibles, ont répandu misère et corruption, ont soutenu des régimes autoritaires et criminels qui ont durement réprimé leur peuple. Aujourd’hui, ces peuples continuent de rembourser une dette immorale et largement odieuse.

Pour le CADTM, la logique qui a conduit à la prise de pouvoir de Pinochet n’est pas morte. Tant que la dette demeure, tant qu’elle continue d’enfler et de ponctionner les richesses produites par les populations des pays du Sud, la lutte doit continuer pour démasquer toutes les responsabilités et obliger tous ceux qui ont soutenu cette logique, Banque mondiale et FMI en tête, de rendre des comptes.

Le CADTM appelle tous les pays du Sud à enclencher une autre logique économique, respectueuse de l’humain et de l’environnement, à l’opposé de la logique néolibérale imposée aux forceps par l’intermédiaire d’une dette dont il faut revendiquer l’abolition immédiate.

Communiqué de presse du 10 décembre 2006

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