Les autorités municipales et communales représentant les organisations
communautaires et régionales et les citoyens et citoyennes venus des
communautés et des communes de San Miguel Cajonos, San Francisco Cajonos,
Santa Cruz Yagavila, San Baltasar Yatzachi, Villa Hidalgo Yalalag, San
Juan Analco, Calpulalpan de Méndez, San Juan Yetzecovi, San Juan Yalahui,
San Juan Atepec, San Cristóbal Chichicaxtepec Mixe, San Juan Tabaá, Santa
María Yavesía, Ixtlán de Juárez, Tanetze de Zaragoza, Asunción Cacalotepec
Mixe, Villa Alta, Macuiltianguis, Ayutla Mixe, Tamazulapan Mixe, San Juan
Teponaxtla, San Miguel Tiltepec, Guelatao de Juárez, Santa María Alotepec
Mixe, Jaltepec de Candayoc Mixe, Asunción Lachixila, San Mateo Éxodo,
Cristo Rey La Selva, Arroyo Macho, Talea de Castro, Santa María Mixistlán
Mixe, Chuxnaban Mixe, San Lucas Camotlán Mixe, San Miguel Quetzaltepec
Mixe, Totontepec Villa de Morelos, Amatepec Mixe, San Juan Guichicovi
Mixe, San Pedro Ocotepec Mixe, Santa Cruz Condoy Mixe, San Isidro Aloapan,
Santiago Zoochila et Santa María Tepantlali Mixe, appartenant aux peuples
Zapotèque, Mixé et Chinantèque et réunies dans la commune de San Pablo
Guelatao de Juárez, État d’Oaxaca, Mexique afin d’analyser la situation
réelle dans laquelle vivent nos communautés, d’engager une réflexion et de
proposer notre propre manière de participer à l’Assemblée populaire des
peuples d’Oaxaca,

ONT DÉCIDÉ :

Que tant que Monsieur Ulises Ruiz Ortiz conservera son poste [de
gouverneur], il ne pourra y avoir ni paix, ni stabilité gouvernementale ni
harmonie dans l’Oaxaca. Aussi exigeons-nous qu’il soit démis de ses
fonctions suivant une procédure politique et légale conforme aux
règlements en vigueur, attendu qu’il est l’incarnation même du régime de
caciquisme autoritaire.

ET EXIGENT :

Une profonde transformation de l’Oaxaca, afin de surmonter la terrible
arriération, la grave marginalisation et l’oubli dont nos peuples sont
victimes. Il est urgent de sceller un nouveau pacte social entre tous les
Oaxaquiens, qui permette de fonder un nouvel ordre des choses et une
nouvelle société où vivre en paix, dans la justice et la démocratie.

Nous condamnons l’emploi de la violence et de la répression pour résoudre
les graves problèmes sociaux que nous connaissons. C’est pourquoi nous
exigeons le départ des forces fédérales de l’Oaxaca, la démilitarisation
des communautés de la Sierra Norte, la libération des prisonniers
politiques, la présentation des disparus vivants, l’annulation des mandats
d’arrestation, le respect de l’autonomie universitaire et la fin immédiate
de toutes agressions à l’encontre du mouvement populaire d’Oaxaca.

Nous exigeons le départ immédiat de toutes les administrations et
délégations gouvernementales de l’ensemble des régions indigènes, et en
particulier de la Sierra Norte, attendu que ce sont elles qui ont fomenté
la division au sein de nos communautés et que ce sont leurs agents qui ont
agressé nos autorités et dirigeants communautaires. Nous demandons de même
à tous les partis politiques, et en particulier le PRI, qu’ils cessent de
commettre des agressions contre les institutions politiques de nos
communautés et de nos communes, et qu’ils n’interviennent en rien dans le
déroulement de notre vie communautaire. Si ces exigences ne se voyaient
pas respectées, nous nous verrions forcés à prendre des mesures radicales
pour procéder à leur expulsion définitive de la Sierra.

Nous appelons à l’unité des autorités et des membres des peuples
zapotèque, mixé et chinantèque afin de faire triompher nos exigences et
nos aspirations à mener la vie que nous souhaitons. Nous savons que
certaines personnes et institutions ont cherché à nous diviser et nous ont
fait nous affronter. Nous ne permettrons plus qu’elles continuent à nous
dominer et à nous manipuler. Aussi devons-nous ouvrir les yeux et
réveiller nos consciences afin de nous unir et marcher ensemble pour
renverser le mauvais gouvernement et opérer les changements nécessaires
dans notre État.

Les autorités indigènes soussignées estiment que les problèmes que l’on
connaît aujourd’hui dans l’Oaxaca doivent être résolus par la voie du
dialogue. C’est pourquoi nous trouvons bonne l’actuelle « Initiative
citoyenne de dialogue pour la paix, la démocratie et la justice dans
l’Oaxaca » et nous rejoignons cette initiative. Notre démarche doit se
poursuivre par des moyens pacifiques afin de parvenir à la conciliation et
à l’unité de tous les habitants de l’Oaxaca.

En vertu de ce qui précède, nous avons DÉCIDÉ ce qui suit :

PREMIÈREMENT : Les autorités et organisations zapotèques, mixés et
chinantèques soussignées ont accordé de se constituer en Assemblée des
peuples Zapotèque, Mixé et Chinantèque, lieu de rencontre régional ainsi
créé dans le but de partager nos problèmes et d’y apporter ensemble des
solutions, différentes le cas échéant, solutions reposant sur notre droit
inaliénable à la libre détermination et à l’autonomie comme il est établi
par les Accords de San Andrés et par le droit international. Aussi
déclarons-nous séance tenante la formation de l’Assemblée des peuples
Zapotèque, Mixé et Chinantèque ;

DEUXIÈMEMENT : Pour que cette grande Assemblée des peuples Zapotèque, Mixé
et Chinantèque soit une réalité, nous devons renforcer et étendre les
attributions de nos assemblées communautaires, municipales et régionales,
pour en faire les organes de débat et de décision de toutes les affaires
qui nous concernent. Dans l’assemblée réside notre force et notre
légitimité. L’assemblée est à la base de l’autogouvernement indigène et
c’est sur elle que repose l’ensemble du système politique communautaire.
C’est pourquoi nous la revendiquons et nous voyons en elle une arme pour
la lutte actuelle du peuple de l’Oaxaca contre le mauvais gouvernement ;

TROISIÈMEMENT : L’assemblée des peuples Zapotèque, Mixé et Chinantèque
sera la base qui facilite nos relations avec l’Assemblée populaire des
peuples d’Oaxaca. C’est le lieu où nous prendrons les décisions et les
engagements qui devront guider nos travaux pour réussir à ce que les
exigences des peuples d’Oaxaca deviennent réalité, en particulier la
reconnaissance des droits et des aspirations fondamentales de nos peuples
indigènes ;

QUATRIÈMEMENT : Afin d’assurer comme il se doit notre participation au
Conseil populaire de l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca (APPO),
les autorités et organisations soussignés ont décidé de nommer nos
représentantes auprès de cette instance, en fonction des critères suivants
:

a) Les peuples Zapotèque, Mixé et Chinantèque doivent être dûment
représentés au sein du Conseil populaire, selon les travaux et capacités
requises ;

b) Les femmes devront y être représentées et participer en toute équité et
égalité ;

c) Il s’agit également d’établir une relation mutuelle avec les groupes de
migrants des montagnes se trouvant dans l’Oaxaca, au Mexique et aux
États-Unis d’Amérique ;

d) Les conseillers choisis devront respecter à tout moment notre principe
communautaire « servir en obéissant » ;

CINQUIÈMEMENT : En vertu de ce qui précède, les personnes suivantes ont
été désignées pour nous représenter au Conseil populaire de l’APPO :

Pour le peuple Zapotèque :

Teresa Rodríguez Valdivia, Nehemias Pascual Pascual, Oliverio Hernández
Chávez, Constantino Martínez Rincón (Maire de la commune de Lalopa),
Olegario Bautista Benítez, Constantino Carrillo Morales, Teódulo Fernández
Jiménez, Álvaro Vázquez Juárez, Aldo González Rojas, Isaac García Reyes,
Gloria Castillo, Juan Tereso Hernández, Germán Octavio Mayoral, Edita
Alavez Ruiz ;

Pour le peuple Mixé :

Genaro Rodríguez Rojas, Commissaire principal des Biens Communaux de San
Miguel Quetzaltepec ; Epifania Domínguez Gónzalez, habitante de
Cacalotepec ; Fortunato Montes Jiménez, Commissaire principal des Biens
Communaux de San Pedro Ocotepec ; Margarita Melania Cortés, habtante de
Santa María Ocotepec, Totontepec Villa de Morelos Mixe ; Víctor Gutiérrez
Contreras, Commissaire principal des Biens Communaux de San Cristóbal
Chichicaxtepec ; Arnulfo Aldaz González, habitant de Santa María Mixistlán
; Silvestre Ocaña López, régisseur du Trésor publicde San Juan Guichicovi,
et Hildeberto Díaz Gutiérrez, habitant de Jaltepec de Candayoc Mixe.

En ce qui concerne le peuple Chinantèque de la Sierra, la communication et
la liaison nécessaire s’établiront pour que ses autorités, organisations
et membres rejoignent le processus en cours.

SIXIÈMEMENT : Nous appelons les autorités et membres des peuples
Zapotèque, Mixé et Chinantèque à rejoindre ce processus d’organisation
régionale. Nous savons que ce ne sera pas là une tâche facile, mais nous
devons tous faire au mieux pour parvenir à nous unir et à nous organiser
pour pouvoir résoudre nos problèmes et atteindre les objectifs que nous
nous sommes fixés. C’est pourquoi nous demandons que la présente
Déclaration ainsi que les accords émanant de cette Assemblée soient
diffusés le plus largement possible. En particulier, nous demandons aux
stations de radio communautaires existant dans la Sierra de diffuser les
propositions et les aspirations de nos peuples ;

SEPTIÈMEMENT : Conformément à ce qui est établi par les Accords de San
Andrés, nous exigeons que l’on remette la chaîne de radio XEGLO « La Voz
de la Sierra » [La voix de la Sierra] aux mains des peuples Zapotèque,
Mixé et Chinantèque, suivant les démarches et mécanismes qui auront été
convenus conjointement.

Nous déclarons que dès maintenant nous avançons dans la consolidation de
l’organisation des peuples indigènes de la Sierra de l’Oaxaca, tout en
contribuant au renforcement de la construction de notre autonomie
respective, à notre reconstitution et à notre développement en tant que
peuples. C’est notre meilleur chemin et notre rêve le plus cher.

POUR LA LIBRE DÉTERMINATION ET L’AUTONOMIE DES PEUPLES INDIGÈNES

Établi dans la communauté de San Pablo Guelatao de Juárez, État d’Oaxaca,
Mexique, en ce 19e jour du mois de novembre de l’année 2006.

Traduction : Ángel Caído.